par Renee Maltezou et Paul Taylor
ATHENES/BRUXELLES (Reuters) - La Grèce a de nouveau demandé lundi aux autres pays de la zone euro de prendre acte des progrès de leurs négociations dans l'espoir de faciliter son accès à de nouveaux financements mais la réunion des ministres des Finances à Bruxelles ne devrait déboucher sur aucune avancée décisive.
Des sources proches des discussions au sein de la Banque centrale européenne (BCE) ont déclaré que les avancées réalisées sur les sujets clés étaient trop limitées et les incertitudes encore trop importantes pour autoriser Athènes à augmenter ses émissions de bons du Trésor, sa principale source de liquidité.
La Grèce doit rembourser mardi 750 millions d'euros au Fonds monétaire international (FMI) et assure qu'elle le fera, mais elle a dû recourir à des mesures exceptionnelles pour remplir ses caisses ses dernières semaines et éviter de compromettre le paiement des traitements et des pensions de retraite à la fin du mois.
"La Grèce tiendra toujours ses engagements envers ses créanciers et c'est évidemment ce que nous ferons une fois de plus demain", a dit le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, à son arrivée à Bruxelles.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis, a expliqué de son côté et qu'Athènes n'avait aucun "plan B" en préparation.
"Ce qu'il attend de l'Eurogroupe d'aujourd'hui, c'est qu'il soit pris acte du fait que des progrès considérables ont été réalisés au cours des discussions", a-t-il dit.
Un haut responsable de l'Union européenne a déclaré que les négociations, qui se sont poursuivies tout le week-end, n'avaient que peu progressé sur les points clés que sont les retraites, la réforme du marché du travail et les objectifs budgétaires pour cette année et l'an prochain.
"PAS NÉCESSAIREMENT AUJOURD'HUI"
"Je crois que la solution sera trouvée dans les prochains jours, pas nécessairement aujourd'hui. Nous ferons tout notre possible pour parvenir à un allégement (des tensions en terme de liquidités) aujourd'hui", a dit Yanis Varoufakis.
Pour son homologue français, Michel Sapin, l'Eurogroupe "doit pouvoir être positif pour montrer que quelque chose a changé dans les modalités de travail entre la Grèce, les institutions et les autres pays partenaires, que les choses ont avancé".
"Mais elles ne sont pas aujourd'hui suffisamment mûres pour permettre une conclusion de ce processus. Il y a encore besoin de travailler pour arriver au niveau nécessaire pour que les décisions des uns et des autres (...) puissent permettre de conclure", a-t-il réaffirmé lors d'un point de presse.
Des responsables de la zone euro estiment que la Grèce, en obligeant les entreprises publiques, les administrations et les collectivités locales à transférer leur trésorerie à la banque centrale, a réuni assez de liquidités pour faire face à ses obligations jusqu'à la fin mai.
Ils ajoutent que les discussions doivent aboutir au plus tard à la fin du mois pour permettre qu'un accord soit soumis au parlement de chacun des pays où cette procédure est indispensable, afin que les 7,2 milliards d'euros d'aide en suspens puissent être versés avant la fin du plan d'assistance en cours, le 30 juin.
Selon un sondage Marc publié lundi par le quotidien Ton Syntakton, 76,9% des Grecs veulent que leur pays reste dans la zone euro, 19,2% seulement d'entre eux préférant un retour à la drachme.
La Bourse d'Athènes perdait 3,2% en début d'après-midi, tandis que le rendement des obligations grecques à deux ans remontait à plus de 21%.
(avec George Georgiopoulos et Angeliki Koutantou à Athènes, Yann Le Guernigou et Emmanuel Jarry à Paris; Marc Angrand pour le service français)