La France compte demander le maintien de la limitation actuelle de la pêche électrique, a indiqué mercredi à l'Assemblée nationale le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, à moins de trois semaines d'un réexamen de la règlementation par l'Union européenne.
"La France demandera et a déjà demandé le maintien de la règlementation actuelle encadrant la pêche électrique (...) c'est cette position que nous maintiendrons bien évidemment et je reste à l'écoute des pêcheurs français", a déclaré M. Travert, interrogé par le député du Nord Paul Christophe (Les Constructifs).
La pêche électrique consiste à envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans le sédiment pour y capturer des poissons benthiques, c'est-à-dire vivant au fond des mers. Selon M. Christophe, les poissons "sont attirés puis paralysés par le champ magnétique, avant de remonter à la surface".
Selon le député, l'Union européenne devra se prononcer le 27 novembre sur la généralisation de la pêche électrique, actuellement autorisée uniquement sur une base expérimentale dans une partie de la mer du Nord.
Mais une centaine de navires des Pays-Bas, "qui ont multiplié les dérogations", sont équipés, selon le député.
M. Christophe pointe les "nombreuses destructions" causées à la faune marine et les "impacts négatifs sur les oeufs et larves des poissons", estimant qu'on est "loin du caractère dérogatoire qui devait prévaloir".
"Nous laissons les navires hollandais détruire et piller sans états d'âme nos fonds marins", a déploré M. Christophe, pour qui il est "urgent d'agir pour préserver les ressources dans les eaux sous souveraineté ou juridiction française".
"Aujourd'hui, l'impact du chalut électrique n'est pas suffisamment documenté pour permettre de justifier un assouplissement du cadre réglementaire", a expliqué Stéphane Travert.
L'ONG Bloom, spécialisée dans la défense des océans et de la pêche durable, a déposé plainte début octobre contre les Pays-Bas auprès de la Commission européenne, les accusant d'avoir illégalement autorisé des navires à pratiquer la pêche électrique, critiquée "pour son hyper efficacité et ses impacts très violents sur la ressource".
La pêche électrique est interdite en Europe depuis 1998 par un règlement en faveur de la conservation des ressources de pêche mais bénéfice de dérogations depuis 2007, à titre expérimental.
La réglementation permet à chaque État membre de l'Union européenne d'équiper en électrodes jusqu'à 5% de sa flotte de chalutiers à perche.
La France avait indiqué en février qu'elle souhaitait le maintien de l'interdiction de la pêche électrique.