Le syndicat CGT du groupe Renault (PA:RENA) a appelé mardi à "repenser" l'alliance avec Nissan (T:7201), estimant qu'elle avait imposé une "stratégie financière" qui dégradait "considérablement" les conditions de travail et menaçait à long terme l'outil industriel sur le sol français.
Les débats actuels "occultent le cœur du sujet" et l'idée "que l'État resterait maître de l'alliance, c'est du bavardage", "il y a déjà une mainmise de Nissan sur Renault dans le quotidien des salariés", a déclaré lors d'un point presse Fabien Gâche, délégué syndical central.
"Dans les faits, et notamment dans l'ingéniérie, c'est Nissan qui pilote de plus en plus les projets Renault" et sur les quatre fonctions "convergées" créées en 2014, "trois (ingéniérie, fabrication-logistique et achats) sont pilotées par Nissan", a-t-il détaillé.
Pour la CGT, l'alliance s'est faite "au détriment" de Renault, qui a vu sa production mondiale chuter de 36% entre 1998 et 2014 (-61% dans les usines françaises) quand celle de Nissan augmentait de 97% sur la même période, affirme le syndicat. Le financement de l'acquisition des parts du capital de Nissan a également "retardé considérablement le renouvellement de la gamme Renault" et pénalisé les investissements en France, fustige la CGT.
Pour ces raisons, "la question de l'alliance est assurément à repenser" et salariés et syndicats doivent être "consultés", estime Fabien Gâche.
La CGT estime être "à un tournant politique: soit l'État continue d'approuver la stratégie purement financière de Carlos Ghosn, soit il opte pour une vraie stratégie industrielle en France".
Le délégué fait la comparaison avec l'affaire Volkswagen (DE:VOWG) qui a montré "l'effet dévastateur des logiques financières", privilégiant le rendement "en ignorant le réel de ce que font ou ne peuvent plus faire les salariés".
"Nous faisons le lien" car les "objectifs chiffrés sont de plus en plus sans rapport avec la réalité du travail et ce que vivent les gens, la situation vraie de l'entreprise", a-t-il relevé.
"Les salariés compensent" cet écart, mais "ça ne peut plus durer", prévient-il en estimant que la situation était aujourd'hui "pire" qu'à l'époque de la vague de suicides.
La "précarité" et le "turn-over des salariés et des organisations du travail" génèrent "une dégradation considérable des conditions de vie et de travail", a-t-il insisté, affirmant que les usines Renault en France tournaient actuellement avec 40% d'intérimaires (7.600 intérimaires pour 12.000 salariés en CDI), voire "plus de 80%" sur certaines chaînes de production.