BERLIN (Reuters) - L'Allemagne prévoit d'augmenter de quelque 15% son programme d'émissions de dette l'an prochain pour faire face à ses échéances de remboursement, a annoncé mercredi l'agence de la dette du pays, qui entend malgré tout rester à l'équilibre budgétaire en dépit du coût induit par l'afflux de réfugiés.
En incluant les obligations indexées sur l'inflation, l'agence prévoit d'émettre en 2016 un total pouvant aller jusqu'à 214,5 milliards d'euros de titres de dette, contre 186,5 milliards cette année.
"Le programme d'émissions est basé sur un budget à l'équilibre", a dit Tammo Diemer, directeur général de l'agence, en précisant que l'Etat devra émettre plus de dette parce qu'il aura des échéances plus lourdes à rembourser que cette année.
L'agence précise que ce total se décompose en 154 milliards d'euros de papier à maturité longue, 48,5 milliards d'euros de titres à destination du marché monétaire et entre huit et 12 milliards d'euros d'obligations indexées sur l'inflation.
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble entend parvenir à un budget fédéral à l'équilibre pour la troisième année de suite en 2016, ce qui veut dire que Berlin n'aura pas besoin d'emprunter pour couvrir un déficit.
En revanche, le pays doit continuer à se tourner vers le marché des capitaux parce que ses recettes ne suffisent pas à rembourser dans leur intégralité des emprunts contractés par le passé. De plus, l'excédent budgétaire de cette année - plus de six milliards d'euros - ne sera pas utilisé pour réduire la dette du pays qui s'élève à 1.100 milliards d'euros.
En revanche, le gouvernement utilisera l'argent pour payer le coût à court terme de l'accueil des migrants l'an prochain.
L'Allemagne prend en charge une bonne partie du coût de la plus grave crise des migrants de l'après-guerre en Europe. Plus d'un million de demandeurs d'asile sont attendus cette année.
L'institut économique DIW estime que les dépenses de l'Etat pour les migrants devraient passer d'environ six milliards d'euros cette année à 15 milliards en 2016 et 17 milliards en 2017.
"Cela aura l'effet d'un plan de soutien massif (à l'économie) dans les deux années à venir", a noté le patron de DIW, Marcel Fratzscher, ajoutant que les transferts sociaux aux migrants auraient un effet stimulant sur la consommation privée.
L'endettement de l'Allemagne représentait à fin 2014 74,9% de son produit intérieur brut (PIB) contre une moyenne de la zone euro de 92,1% et une moyenne de l'Union européenne de 86,8%.
Le gouvernement fédéral allemand avait emprunté 212 milliards d'euros en 2014 et 257 milliards en 2013. En 2009, au plus fort de la crise financière, il avait eu recours à un emprunt total record de 334 milliards d'euros.
Le directeur général de l'agence de la dette a précisé que le montant émis pour 2016 incluait une "marge" financière et que le total pourrait s'avérer moins élevé au final, comme en 2015.
(Michael Nienaber, Benoit Van Overstraeten et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)