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Chine: la croissance ralentit encore, les moteurs de l'économie calent

Publié le 15/04/2015 08:33
Un chantier à Pékin, le 1er avril 2015 (Photo WANG ZHAO. AFP)
SOGN
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Un chantier à Pékin, le 1er avril 2015 (Photo WANG ZHAO. AFP)

La croissance chinoise a glissé à 7% au premier trimestre, a annoncé mercredi le gouvernement, alors que production industrielle et ventes au détail continuent de se tasser, confirmant l'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale en dépit des efforts déployés par Pékin.

Cette progression du Produit intérieur brut (PIB) sur les trois premiers mois de l'année est légèrement meilleure qu'attendu par le panel d'analystes interrogés par l'AFP, qui tablaient sur un ralentissement plus marqué (+6,9%).

Mais le chiffre dévoilé reste très en deçà des 7,3% du trimestre précédent et de la croissance de 7,4% enregistrée par le géant asiatique en 2014 --sa plus faible performance depuis presque un quart de siècle--.

Les moteurs économiques traditionnels calent toujours: le marché immobilier et la construction (piliers du PIB) continuent de piquer du nez; et les exportations ont inopinément chuté de 15% sur un an en mars.

"La croissance pâtit largement du ralentissement des investissements, plombés par le secteur immobilier", où une offre surabondante de logements invendus paralyse les promoteurs, a expliqué Li-Gang Liu, analyste de la banque ANZ.

- Tassement dans l'industrie -

La salve d'indicateurs décevants publiés simultanément mercredi par le Bureau national des statistiques (BNS) dépeint un tableau désespérément morose et une demande terne.

La production industrielle s'est ainsi à nouveau tassée en mars, ne croissant que de 5,6% sur un an, contre 6,8% sur la période janvier-février.

Il s'agit de sa plus faible progression depuis novembre 2008, à rebours de l'anticipation médiane des experts sondés par l'agence Bloomberg (+7%).

Le secteur, il est vrai, reste miné par de sévères surcapacités, le refroidissement immobilier, une consommation sans éclat et le fléchissement des commandes à l'exportation.

Les ventes au détail ont elles grimpé de 10,2% le mois dernier. Ce ralentissement marqué, bien en-dessous des prévisions, signale une consommation déprimée, sur fond de tensions déflationnistes.

Quant aux investissements en capital fixe, ils ont gonflé de 13,5% sur un an pour la période janvier-mars, s'essoufflant eux aussi davantage qu'attendu.

-'Ajustements'-

Pour autant, "l'économie chinoise a toujours le potentiel pour se stabiliser", a tempéré Sheng Laiyun, porte-parole du BNS, évoquant la vague d'urbanisation du pays et les "ajustements macroéconomiques" engagés par Pékin.

Les autorités vantent volontiers la "nouvelle normalité" d'une croissance ralentie, fruit de leurs efforts pour "rééquilibrer" un modèle économique jugé obsolète.

L'idée est de doper la consommation, l'innovation et les services, via une meilleure allocation des capitaux --au détriment de l'industrie lourde et des investissements non productifs, en rognant les encombrants monopoles des groupes d'Etat, et en contenant l'inquiétant endettement des gouvernements locaux.

"Un ralentissement de croissance n'est pas nécessairement une mauvaise chose, si cela traduit des ajustements vers un modèle plus durable", abondait Andrew Colquhoun, analyste de Fitch Ratings.

Mais, ajoutait-il aussitôt, "ces ajustements doivent être soutenus par un renforcement de la consommation, à mesure que l'économie digère le ralentissement des investissements" --une perspective encore fugace.

-Inéluctables mesures de relance-

"Le fait que la Chine soit devenue dépendante des secteurs de l'immobilier et de la construction pour créer des emplois donne à réfléchir et présente un danger", avertissait M. Colquhoun.

De l'avis général, si Pékin veut espérer atteindre son objectif d'une croissance d'"environ 7%" en 2015, il sera contraint d'accélérer ses mesures de soutien à l'activité.

La banque centrale (PBOC) ne ménage déjà pas sa peine, ayant depuis novembre réduit à deux reprises ses taux d'intérêts et abaissé les ratios de réserves obligatoires des banques, tout en multipliant les injections de liquidités à court terme.

Diverses actions qui commencent à faire effet, selon ANZ, pointant le rebond des prêts bancaires en mars.

Mais vu l'assombrissement de la conjoncture, "il faudra des mesures d'assouplissement supplémentaires au deuxième trimestre", estime Claire Huang, de la Société Générale (PARIS:SOGN), tablant sur deux nouvelles baisses des taux d'ici fin juin.

Pour elle, la croissance du PIB devrait cependant encore s'enfoncer au prochain trimestre.

"Les mesures (de la PBOC) mettront du temps pour vraiment porter leurs fruits, et le gouvernement tolérera une croissance amoindrie, car son but est d'améliorer le modèle économique", a indiqué Mme Huang à l'AFP.

"A long terme, la croissance chinoise pourrait même ralentir durablement à 5 ou 6%", a-t-elle prédit.

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