Un an après la grave crise économique et sociale qui a secoué la Bretagne, Manuel Valls a souligné jeudi et vendredi, lors de son déplacement dans cette région encore fragile, l'engagement de l'Etat à l'aider à sortir des difficultés.
"L'espoir revient, le cochon breton a de l'avenir", a lancé vendredi d'une formule le Premier ministre, devant l'un des symboles de ce qui fut la tourmente et la détresse bretonnes en 2013, les anciens salariés des abattoirs Gad.
Il s'exprimait à Josselin (Morbihan) où il a effectué une visite surprise, à l'aube, aux abattoirs de porcs Gad qui ont été repris en octobre dernier, après des semaines d'incertitude, par la SVA Jean Rozé, filiale de production de viande du groupe Intermarché. Celle-ci s'est engagée à maintenir 530 emplois sur 755 et à injecter 20 millions d'euros sur le site.
"C'est un symbole de la Bretagne (...) C'est très important de soutenir l'ensemble de ces filières qui ont été en difficulté, qui ont encore des problèmes, et ici, ce qui a été fait, de notre point de vue, est exemplaire", a insisté Manuel Valls.
"On est attentif, dans le cadre de l'embargo russe, à soutenir la filière, (...) à la question de l'engorgement des marchés, à assouplir les normes..., à accompagner l'ensemble de la filière", a poursuivi le Premier ministre devant le personnel et la direction de l'entreprise.
"Ici, c'est un symbole de la réussite du Pacte d'avenir" pour la Bretagne, a-t-il encore déclaré, en assurant qu'une "solution" sera trouvée pour ceux qui n'ont pas été réembauchés par la SVA Jean Rozé.
L'une des salariées conviées à rencontrer le Premier ministre, 22 ans de métier, a résumé le sentiment de précarité persistant à Josselin: "On est toujours inquiets mais on est contents d'avoir été repris".
- 'Optimisme' pour l'avenir de la région -
Manuel Valls avait décidé de se rendre en Bretagne à l'occasion du premier anniversaire du Pacte d'avenir conclu en décembre 2013 par son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, en présence des principaux acteurs régionaux, et ayant pour ambition de relancer l'économie bretonne.
A l'époque, la région est en pleine tourmente industrielle et sociale: des restructurations dans les télécoms, l'automobile et l'agroalimentaire entrainent des milliers de suppressions d'emplois. Sans oublier la colère des Bonnets rouges contre l'écotaxe, qui a été depuis abandonnée.
M. Valls avait exprimé le souhait de faire un bilan, un an après, comme s'y était engagé son prédécesseur et il a eu l'occasion d'écouter jeudi à Brest plusieurs personnalités locales regretter notamment que le pacte tarde à manifester ses effets.
Dans cette optique, le Premier ministre s'est engagé jeudi pour le Contrat de Plan Etat-Région (CPER) pour la Bretagne, pour les années 2015-2020, dont fait partie le Pacte d'avenir.
Ce CPER "mobilisera un milliard d'euros à parité entre l'État et la région" sur la période 2015-202 et "en tout, pour les six prochaines années, les subventions publiques en Bretagne dépasseront 3 milliards d'euros", a indiqué Manuel Valls, qui a répété à l'envi son "optimisme" pour l'avenir de la région.
Manuel Valls était accompagné de plusieurs ministres, dont celui de la Défense, le Breton Jean-Yves Le Drian, auquel le Premier ministre a rendu ostensiblement hommage à plusieurs reprises. M. Le Drian a été président du Conseil régional de Bretagne de 2004 à 2012.
Ce déplacement en Bretagne, une région importante pour la gauche, intervient à l'approche des élections départementaless, en mars, qui s'annoncent très difficiles pour l'exécutif et les socialistes.
Dans cette même perspective, Manuel Valls s'est rendu lundi dernier à Dijon, dont le ministre du Travail, François Rebsamen, était le maire, depuis 2001 jusqu'à son départ pour le gouvernement. Le Premier ministre est attendu lundi à Montpellier.
Manuel Valls a achevé son séjour en Bretagne en signant vendredi le décret de création de la métropole de Rennes, effective à compter du 1er janvier 2015, et a inauguré un tunnelier destiné à la construction d'une nouvelle ligne de métro.
La visite du Premier ministre a été émaillée de quelques manifestations ponctuelles, qui ont donné lieu à huit interpellations jeudi soir à Rennes.