Après quatre mois consécutifs d'amélioration des chiffres du chômage, l'annonce d'une nette hausse du nombre des demandeurs d'emploi en mai, à moins d'un an de la présidentielle, a fait l'effet d'une douche froide, le gouvernement promettant de "redoubler" ses efforts.
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a progressé en mai de 0,7% par rapport à avril, à 2,686 millions, soit 17.700 demandeurs de plus, selon les données publiées mardi par le ministère du Travail. Le chiffre avait reculé de janvier à avril.
Le total des personnes en quête d'emploi, incluant celles ayant exercé une activité réduite, a bondi encore plus fortement de 1% (+39.400) à 4,078 millions, soit son plus haut niveau depuis la crise de 2008.
Avec les départements d'outremer, la France compte au total 4,341 millions de demandeurs d'emploi.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a pris "acte" de ces données qui selon lui, ne remettent "pas en cause le mouvement de baisse enregistré depuis le début de l’année". Il rappelle que malgré les mauvais chiffres de mai, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a baissé de 35.700 de début janvier à fin mai.
Mais le gouvernement redoute la réédition du scénario de 2010: à des bons chiffres de chômage durant un mois avaient succédé de mauvais et au final la situation de l'emploi s'était aggravée, avec une nette hausse des demandeurs d'emploi.
"Les résultats du mois de mai incitent à redoubler d’efforts pour faire reculer le chômage", a affirmé M. Bertrand qui a égrené différentes initiatives en cours, comme le "recrutement de 100.000 contrats aidés", des mesures pour favoriser l'apprentissage ou une "nouvelle feuille de route" pour Pôle emploi, sommé d'"améliorer sensiblement" l’accompagnement des chômeurs.
"Ces chiffres sont une alerte", a souligné à l'AFP Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi.
Selon elle, "il faut continuer à pousser le feu sur la politique de l'emploi", la croissance seule "ne permettant pas a priori" de réduire le chômage de quelque 100.000 personnes d'ici à la fin de l'année, comme le souhaiterait le gouvernement.
En mai, toutes les catégories de demandeurs d'emploi ont vu leur situation se détériorer, même les jeunes qui avaient bénéficié d'une embellie ces derniers mois. Ainsi, le nombre des demandeurs de moins de 25 ans a progressé de 1,3% sur le mois à 429.000, et en incluant ceux ayant exercé une activité réduite, les jeunes actifs sont 621.000 (+1,3%) à chercher un travail.
Du côté des seniors, le chômage continue de croître: le nombre des 50 ans ou plus sans activité a augmenté de 0,9% sur le mois à 533.000. En incluant ceux ayant eu une activité réduite, ils sont 786.000 (+1,3%).
Enfin, le nombre des chômeurs de longue durée -inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an- a progressé de 0,8% à 1,544 million.
Tablant sur une croissance de 2,1% cette année et des créations d'emploi plus soutenues qu'en 2010, l'Insee table sur une décrue du chômage d'ici la fin de l'année.
Mais, l'institut ne prévoit pas de franche embellie, et table sur un taux de chômage ramené à 9% à fin 2011, contre 9,2% au premier trimestre, alors que le gouvernement espérait un passage du taux sous la barre des 9% à fin 2011, à quelques mois de la présidentielle.
Le chômage resterait donc à la fin de cette année nettement supérieur à son niveau d'avant-crise (7,2% début 2008), selon les prévisions de l'Insee.
De son côté, la CFDT s'est dite "inquiète" de l'augmentation du chômage en mai. "Cela illustre que la crise et ses conséquences sociales ne sont pas derrière nous, contrairement au discours du gouvernement", selon elle.