Le réseau social américain Twitter n'arrive pas à convaincre les investisseurs qui s'interrogent sur sa capacité à accélérer sa croissance malgré une performance financière meilleure qu'attendu au premier trimestre.
Le groupe californien a enregistré une perte de 132,36 millions de dollars sur les trois premiers mois de l'année, selon un communiqué publié mardi. De janvier à fin mars 2013, la perte s'établissait à 27 millions de dollars. Le résultat ajusté par action, mesure préférée de Wall Street, est nul, quand les analystes l'attendaient négatif de 3 cents en moyenne.
Le chiffre d'affaires trimestriel a plus que doublé sur un an, à 250,49 millions de dollars (114,34 millions en 2013), un chiffre bien supérieur aux 241,4 millions de dollars attendus.
- L'action plonge de 10% -
Ces chiffres n'ont pas pour autant séduit les investisseurs. L'action dévissait de 10,63% à 38,09 dollars vers 22H30 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance à Wall Street.
"Les chiffres que tout le monde veut voir croître rapidement, ce sont ceux des utilisateurs mensuels", expliquait Paul Ausick du site d'informations financières 247Wallst.com. Or la croissance des utilisateurs n'est selon les analystes pas assez rapide. Twitter revendique 255 millions d'utilisateurs mensuels fin mars, soit 25% de plus qu'il y a un an, et 5,8% de plus que fin décembre.
Le nombre de consultations de la "timeline", le fil où ces utilisateurs lisent les messages d'autres membres, a crû à un rythme moins rapide: +15% à 157 milliards au premier trimestre.
Les analystes attendaient entre 255 et 257 millions d'utilisateurs mensuels et 160 à 183 milliards de consultations de la "timelime".
"Ces chiffres sont bons mais ce n'est pas suffisant", a jugé M. Ausick.
Dick Costolo, le patron de Twitter, s'est pourtant voulu optimiste, évoquant un "solide" trimestre. "Nous avons eu un bon premier trimestre", a-t-il commenté lors d'une conférence téléphonique. La croissance des recettes s'est "accélérée", a-t-il dit, assurant que son groupe ne connaissait pas une désaffection des utilisateurs.
Au contraire, "nos nouveaux utilisateurs sont tout aussi actifs que nos utilisateurs existants, ce qui est bien", a-t-il fait valoir.
M. Costolo a souligné que les nouvelles acquisitions du groupe, notamment MoPub, lui avaient permis d'atteindre plus d'1 milliard d'utilisateurs iOS et Android tous les mois. La startup MoPub est à l'origine d'un outil permettant aux éditeurs de services mobiles de gérer leurs flux de publicités.
- La pub mobile en forme -
Les recettes publicitaires ont augmenté de 125% à 226 millions de dollars sur un an, dont 80% venant sur le segment très rentable du mobile.
Twitter détenait 2,4% de parts de marché des dépenses publicitaires dans le mobile en 2013, selon une étude du cabinet spécialisé eMarketer. En 2014, cette part devrait augmenter à 2,6%. Par comparaison, Google détient une part de marché de 49,3% et Facebook de 17,5%. Les recettes publicitaires tirées des appareils mobiles sont très surveillées par les investisseurs.
La nouvelle défiance boursière à l'égard de Twitter intervient dans un contexte des plus maussades pour le secteur technologique à Wall Street.
Twitter avait déjà subi les foudres des investisseurs en février dernier après le creusement de sa perte nette annuelle en 2013, ce qui avait déclenché un repli de l'action qui ne s'est pas démenti depuis.
Prisé des politiques et des stars, le réseau social en ligne avait déjà été critiqué sur la faible croissance du nombre de ses utilisateurs d'autant qu'il n'a jamais gagné un dollar depuis sa naissance en 2006.
Twitter a par ailleurs confirmé sa prévision d'un chiffre d'affaires situé entre 1,2 et 1,25 milliard cette année, dont 270 à 280 millions au deuxième trimestre. Les analystes attendent 1,24 milliard et 272,4 millions de dollars respectivement.