par Rahul Karunakar
(Reuters) - L'activité du secteur privé dans la zone euro a enregistré en septembre sa plus faible croissance depuis le début de l'année, traduisant une baisse de la demande, la hausse des nouvelles commandes revenant à son plus bas niveau depuis près d'un an, montrent vendredi les résultats définitifs des enquêtes mensuelles de Markit auprès des directeurs d'achat.
La baisse des prix s'est en outre accentuée, soulignant les difficultés auxquelles se heurte la Banque centrale européenne (BCE) pour faire remonter l'inflation dans un contexte de stagnation économique persistante.
L'inflation dans la zone euro est tombée le mois dernier à 0,3% seulement en rythme annuel et le produit intérieur brut (PIB) de la région a stagné au deuxième trimestre.
L'indice PMI composite de la région, calculé sur la base d'enquêtes auprès de plusieurs milliers d'entreprises, est tombé à 52,0 le mois dernier, son plus bas niveau en dix mois, après 52,5 en août. Il est inférieur à la première estimation de 52,3 donnée la semaine dernière mais reste au-dessus de la barre de 50 séparant contraction et expansion.
L'indice du seul secteur des services a reculé à 52,4 contre 53,1 en août et 52,8 en première estimation.
"Le PMI suggère que la zone euro est restée embourbée au troisième trimestre", commente Chris Williamson, économiste de Markit.
PRESSION ACCRUE SUR LA BCE
Le sous-indice des nouvelles commandes, qui mesure la demande, est tombé le mois dernier à son plus bas niveau depuis près d'un an et celui des prix de vente, inférieur à 50 depuis avril 2012, a atteint un plus bas de 14 mois à 48,5 après 48,9 en août.
"La dégradation de la croissance traduite par les PMI va accroître la pression sur la BCE pour qu'elle élargisse le spectre de ses achats d'actifs au-delà des titres adossés à des actifs (ABS) pour commencer aussi à acheter de la dette d'Etat", ajoute Chris Williamson.
La BCE a détaillé jeudi les modalités de ses deux nouveaux programmes d'achats d'actifs financiers, censés favoriser le crédit et la remontée de l'inflation. Elle doit commencer mi-octobre à acheter des obligations sécurisées et d'ici la fin du quatrième trimestre à acheter des ABS.
Le détail des enquêtes PMI n'est pas complètement négatif: le secteur privé allemand a ainsi enregistré en septembre son 17e mois consécutif de croissance, suggérant que la première économie d'Europe aura renoué avec la croissance au troisième trimestre après sa contraction d'avril-juin.
En France, en revanche, l'activité dans le secteur privé s'est contractée pour le cinquième mois consécutif en septembre, les services revenant dans le rouge après deux mois de légère croissance.
La contraction touche aussi l'Italie tandis que la croissance a ralenti en Espagne même si elle reste soutenue.
La Grande-Bretagne affiche une croissance légèrement ralentie mais qui tranche avec la faiblesse de la zone euro: l'indice PMI britannique des services, qui avait atteint 60,5 en août, est revenu le mois dernier à 58,7, près de six points et demi au-dessus de celui de la zone euro.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)