PARIS (Reuters) - (Bien lire dans un entretien au Monde §§14-16)
En visite à Lyon, Emmanuel Macron a demandé aux rivaux des prochaines élections municipales, l'actuel maire Gérard Collomb et le président de la métropole David Kimelfeld, de "travailler ensemble" pour la ville et éviter une guerre fratricide.
Après avoir dîné avec son ancien ministre de l'Intérieur dimanche, puis petit-déjeuné lundi avec David Kimefeld, le chef de l'Etat a lancé un appel au rassemblement, en se gardant de prendre parti.
"Gérard Collomb a été et est pour cette ville le grand transformateur et il a un rôle essentiel à jouer dans l'avenir de la ville et de la métropole. David Kimelfed aujourd'hui est sur la présidence de la métropole et il a un rôle très important à jouer. Et moi je veux qu'ils agissent ensemble", a dit Emmanuel Macron devant la presse, en marge de la visite d'une usine Safran (PA:SAF) à Villeurbanne.
"Donc ils auront à s'exprimer mais je sais que les bons choix seront faits. Quand on décide de travailler ensemble dans un esprit constructif et d'avenir, on y arrive", a ajouté le président.
Les deux rivaux "Macron compatibles" ont répondu positivement à cet appel, sans s'avancer vraiment.
"Il n'y a aucune raison qu'on ne puisse pas continuer ces discussions. En tout cas je suis dans cette dynamique-là depuis le début", a dit David Kimelfeld aux journalistes.
Gérard Collomb, qui a quitté le gouvernement en octobre 2018 pour revenir à Lyon et préparer les échéances à venir, convoite la métropole - où lui a succédé son ex-dauphin qui compte bien reconquérir son siège l'an prochain.
Fin juin, Gérard Collomb avait fait savoir qu'il espérait voir Emmanuel Macron avant les vacances d'été afin de discuter des élections municipales, estimant que le chef de l'Etat serait à la manoeuvre pour choisir les candidats La République en Marche (LaRem) dans les grandes villes.
DUEL GRIVEAUX-VILLANI À PARIS
A huit mois des élections, le chef de l'Etat est en effet à l'oeuvre en coulisses pour tenter d'organiser un scrutin qui doit permettre à La République en marche (LaRem), son parti né en 2016, de parfaire son maillage territorial.
Emmanuel Macron a récemment abordé le sujet en marge d'un sommet international à Marseille, où la succession du conservateur Jean-Claude Gaudin aiguise les appétits.
A Bordeaux, LaRem a investi un candidat, Thomas Cazenave, contre l'avis du Mouvement démocrate de François Bayrou, son allié au niveau national, qui soutient le maire (Les Républicains) sortant Nicolas Florian.
A Paris, trois députés briguent l'investiture via la Commission nationale (CNI) de LaRem : Cédric Villani, Benjamin Griveaux et Hugues Renson. Des ralliements de dernière minute ont exacerbé le duel entre les deux premiers, qu'un récent sondage donnait, à égalité, en mesure de battre la maire socialiste sortante Anne Hidalgo.
Un "grand oral" de 45 minutes pour chacun des prétendants est prévu mardi devant la CNI, qui doit faire son choix mercredi.
Dans un entretien au journal Le Monde, le délégué général de LaRem, Stanislas Guerini, a reconnu un fonctionnement trop "vertical" de son mouvement, qui donne l'impression que tout est décidé dans la capitale, voire à l'Elysée.
"Nous avons une organisation trop verticale dans laquelle tout doit remonter à Paris, chargée de régler tous les conflits, y compris locaux", a-t-il dit, émettant le souhait que "les comités politiques départementaux puissent avoir davantage la main là-dessus".
"Pour la préparation des élections, je souhaite également qu'ils puissent détenir un pouvoir statutaire dans les commissions départementales d'investiture", a ajouté le député de Paris.
(Elizabeth Pineau, avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)