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Turquie: dans le sud-est, l'économie victime collatérale de la reprise des violences

Publié le 21/10/2015 17:11
Des hommes marchent dans Diyarbakir, au sud-est de la Turquie, le 5 octobre 2015 après des violences entre les forces de l'ordre et les rebelles kurdes (Photo ILYAS AKENGIN. AFP)

Des hommes marchent dans Diyarbakir, au sud-est de la Turquie, le 5 octobre 2015 après des violences entre les forces de l'ordre et les rebelles kurdes (Photo ILYAS AKENGIN. AFP)

Il y a quelques mois encore, le caravansérail Hasan Pasa de Diyarbakir regorgeait de visiteurs. Il est aujourd'hui désert, illustration de l'impact économique désastreux de la reprise du conflit kurde sur l'économie de tout le sud-est de la Turquie.

"La reprise (des combats) nous a durement frappés", soupire Ahmet Önen, qui tient une boutique de souvenirs et de vêtements traditionnels kurdes dans ce bâtiment ottoman du XVIe siècle. "Notre chiffre d'affaires a chuté de près de 80% par rapport à l'an dernier", ajoute-t-il, "ici, c'est le cœur du tourisme et il ne bat plus".

Effectivement, les voyageurs ont disparu des rues du centre de Diyarbakir. Et le million et demi d'habitants de la "capitale" du sud-est à majorité kurde du pays n'y traîne plus beaucoup non plus, spécialement la nuit.

Depuis trois mois, la ville vit à nouveau au rythme des combats meurtriers qui opposent les forces de sécurité au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Après trente ans de guerre, Diyarbakir avait repris espoir depuis le début des discussions de paix entre le gouvernement et les rebelles kurdes, en 2012.

Ses milieux d'affaires se prenaient même à rêver d'un rattrapage avec le reste de l'économie du pays. Mais cette ambition s'est envolée en juillet avec la reprise des combats, replongeant la cité et toute la région dans le cauchemar des "années de plomb" de la décennie 1990.

"Les gens ont peur", se plaint Umut Baci, un bijoutier de 24 ans, "les clients nous appellent avant de venir faire des achats pour savoir s'il y a des incidents". Son magasin jouxte un poste de police qui a été attaqué à la roquette par des combattants du PKK.

"Depuis deux ans, on travaillait bien. Les gens se promenaient dans les rues", se rappelle le commerçant avec nostalgie. "Mais aujourd'hui, plus personne ne sort".

Cent mètres plus loin, dans le quartier de Suriçi, au pied des fortifications centenaires de la ville, d'autres militants ont érigé des barricades et creusé des tranchées pour empêcher les forces de l'ordre d'y entrer. Les affrontements y sont réguliers.

Selon Sah Ismail Bedirhanoglu, le président de l'influente association des hommes d'affaires du sud-est (Günsiad), le secteur le plus gravement touché est le tourisme. Son propre hôtel a vu son taux d'occupation chuter de plus de moitié.

- La fin du 'boom' -

"A la première détonation, les gens annulent leur voyage dans cette zone", se désole-t-il.

Comme beaucoup d'autres, M. Bedirhanoglu regrette le temps béni du "processus de paix" engagé à l'automne 2012 par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara avec les rebelles du PKK. "A partir de là, les investisseurs locaux et étranger sont arrivés", se souvient-il, "on a vécu un véritable boom".

Aujourd'hui, il n'est déjà plus qu'un souvenir. "Quand on ne sait pas de quoi sera fait l'avenir, on ne va pas aller acheter une usine, un immeuble ou une maison", regrette le patron de la Günsiad.

Selon des chiffres informels, le taux de chômage, officiellement autour de 10% au niveau national, a grimpé à au moins 20% de la population active dans le sud-est.

"Des entreprises d'ici ont déjà signalé à leurs employés qu'il n'y aura aucune nouvelle embauche", confirme Sah Ismail Bedirhanoglu.

D'autant que la situation régionale vient s'ajouter à un climat général morose. Plombée par les tensions politiques récurrentes et les guerres chez ses voisins irakien et syrien, l'économie de la Turquie patine. La croissance tourne au ralenti (2,4% en 2014), l'inflation galope (plus de 7%), les déficits se creusent et la livre chute.

Pour de nombreux habitants de Diyarbakir, le coupable est tout trouvé. Le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

"Qui est responsable ? Ce ne sont pas ces pauvres gosses", affirme Sinan Savci, un retraité de 58 ans, en évoquant les jeunes sympathisants des rebelles qui font le coup de feu dans certains quartiers. "Ce n'est pas l'organisation (le PKK)", poursuit-il, "le seul responsable, c'est lui, pour camoufler la corruption".

Pour toutes ces raisons, M. Savci promet au président une sévère correction lors des législatives anticipées du 1er novembre. En tout cas dans le fief kurde de Diyarbakir.

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