PARIS (Reuters) - L'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui a quitté le gouvernement pour se consacrer à son mouvement "En Marche !" dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017, met en garde samedi contre une "laïcité revancharde dangereuse."
Les thématiques de la laïcité et de l'identité se sont imposées ces dernières semaines comme centrales dans la pré-campagne pour la présidentielle de 2017, notamment à droite.
"C'est très important de faire respecter la neutralité du service public. La religion ne peut pas être présente à l'école", juge Emmanuel Macron dans un débat avec le journaliste Jean-François Kahn retranscrit dans Marianne.
"Toutefois, j'entends peu de gens émus lorsque les conséquences de ce débat envoient de plus en plus d'enfants dans des écoles confessionnelles qui leur enseignent la haine de la République, professent des enseignements essentiellement en arabe ou, ailleurs, enseignent la Torah plus que les savoirs fondamentaux", ajoute-t-il.
"Quand certains réclament des menus dans les écoles sans aucun accommodement et veulent que tous les enfants mangent du porc, ils pratiquent une laïcité revancharde dangereuse", estime l'ancien ministre.
"Au titre d'une laïcité revancharde, on en vient à sortir des citoyens des lieux de la République et à les confiner à l'écart, sans enrayer la montée du fondamentalisme, ni conforter la laïcité", met en garde Emmanuel Macron.
"EMPORTÉ PAR LES VENTS"
Et d'ajouter : "dans sa conscience profonde, je pense qu'un catholique pratiquant peut considérer que les lois de la religion dépassent les lois de la République. Simplement, à chaque instant où il est dans le champ public, les lois de la République prévalent sur les lois religieuses."
L'ex-ministre de l'Economie dénonce par ailleurs les appels à la discrétion lancés récemment par l'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, appelé à présider la Fondation pour l'islam de France qui devrait voir le jour d'ici novembre, et contribuer notamment à la formation profane des imams.
"Les précédents historiques où l'on a demandé la discrétion en matière de religion ne sont pas à l'honneur de la République", dit-il.
Emmanuel Macron, qui se garde pour l'heure de préciser ses intentions pour 2017, doit présenter mardi lors d'un meeting à Strasbourg (Bas-Rhin) les premiers éléments de son "diagnostic" pour la France. Viendra ensuite son "plan de transformation" du pays, mi-novembre.
Une démarche qui laisse sceptique le Premier ministre Manuel Valls. "Tout ce qui est fugace, tout ce qui est à la mode, tout ce qui ne s'ancre pas dans la réalité est vite emporté par les vents", a-t-il dit samedi au micro de BFM TV en marge d'un déplacement dans le Morbihan, sans prononcer le nom de celui qu'il visait. "Moi, je trace en effet un sillon dans la durée."
(Chine Labbé, édité par Tangi Salaün)