La chancelière allemande Angela Merkel a souligné mardi que tout était fait pour prévenir une faillite de la Grèce, redoutée jusqu'à Washington, calmant un peu les marchés qui ont aussi salué l'annonce d'une offensive franco-allemande pour l'euro.
"La priorité absolue est d'éviter un défaut de paiement incontrôlé parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d'autres pays, est très élevé", a dit Mme Merkel mardi matin.
Elle a ensuite, de concert avec Paris, démenti la publication d'un éventuel communiqué franco-allemand sur la crise grecque. Mais une source gouvernementale grecque a annoncé la tenue d'une téléconférence mercredi entre le Premier ministre grec Georges Papandréou, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande.
Ce signal d'une offensive conjointe entre Paris et Berlin a été bien reçu par des marchés extrêmement fébriles. La plupart des grandes places européennes, qui ont fait les montagnes russes toute la journée, cotaient fermement dans le vert vers 13h17 GMT.
Le ministre allemand de l'Economie, le libéral Philipp Rösler, avait mis le feu aux poudres lundi en évoquant l'éventualité d'un défaut de paiement d'Athènes, faisant plonger les bourses européennes et notamment les valeurs bancaires.
La chancelière a martelé mercredi, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre finlandais, que le chemin du rétablissement de la Grèce serait "long et difficile."
"Certains croient qu'avec des mots percutants comme eurobonds ou défaut de paiement on va résoudre les problèmes, mais cela ne se passera pas comme ça", a-t-elle dit.
"La déclaration de Mme Merkel doit se comprendre comme une mise au point" après les propos de M. Rösler, a commenté pour l'AFP Thorsten Polleit, économiste de Barclays Capital.
Le président américain Barack Obama avait plus tôt exprimé son inquiétude.
"Je pense que nous continuerons à voir des faiblesses dans l'économie mondiale tant que cette question ne sera pas résolue", a déclaré celui-ci lundi à propos des tourmentes que traverse la zone euro. "La Grèce est évidemment le problème le plus urgent", a-t-il ajouté.
En l'absence de procédure de faillite contrôlée -- l'Europe en aura une à partir de 2013, par le biais du mécanisme européen de stabilité (MES) --, les propos de Mme Merkel reviennent à exclure une faillite totale d'Athènes, fait-on valoir à Berlin.
Celle-ci aurait des conséquences catastrophiques, a prévenu l'économiste allemand renommé Peter Bofinger. "Si la Grèce ne reçoit plus d'aides, il y aura une faillite incontrôlée, avec pour résultat que le système bancaire grec s'effondre, et le risque d'une réaction en chaîne énorme, potentiellement encore plus dévastatrice que la faillite de Lehman en 2008", selon lui.
Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) française, Jean-Pierre Jouyet, prédit désormais "une restructuration plus prononcée de la dette grecque", c'est-à-dire que les créanciers d'Athènes devront renoncer à part plus grande de leurs remboursements par rapport à ce qui était prévu jusqu'ici.
La Grèce n'était pas seule toutefois dans le viseur des marchés, qui suivent de très près la situation financière de l'Italie.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a défendu mardi à Bruxelles le plan d'austérité que la Chambre des députés doit approuver mercredi et promis que les comptes de son pays seront à l'équilibre d'ici 2013.
Mais ni ce plan d'austérité ni les tentatives de l'Italie de se tourner vers la Chine pour acheter sa dette n'ont amené de répit sur le marché obligataire. Une émission très attendue à cinq ans du pays a vu les taux s'envoler. Pékin ne serait pas intéressé par les titres italiens, selon des rumeurs de marché mardi.