Le tribunal de grande instance de Nanterre a suspendu vendredi le plan de restructuration de l'usine de pneumatiques Goodyear d'Amiens-Nord, prévoyant 820 suppressions d'emplois, après un recours déposé par le Comité central d'entreprise (CCE) et la CGT.
Le tribunal suspend "l'information/consultation du plan de restructuration présenté à compter du 26 mai 2009 jusqu'à ce qu'il ait été satisfait à cette information", indique le texte du jugement, dont l'AFP a obtenu copie.
Il constate "que les informations données au comité central d'entreprise sont incomplètes sur la restructuration du site d'Amiens-Nord" et souligne que "le plan présenté n'est pas complet sur le devenir de la production des pneumatiques agricoles".
L'entreprise Goodyear Dunlop Tires France a immédiatement réagi en soulignant dans un communiqué qu'elle se réservait "le droit de faire appel".
"L'usine d'Amiens nord compte 550 postes dédiés à la production de pneumatiques agraires. Pour l'heure, aucun projet de reprise n'a été clairement défini et aucun repreneur n'a été confirmé", ajoute le communiqué.
Selon l'avocat des salariés, Me Fiodor Rilov, "ce jugement porte sur la violation d'articles élémentaires du droit du travail". "Il révèle à quel point Goodyear n'a aucune justification à proposer concernant ces licenciements", a-t-il dit.
"Le groupe fait des bénéfices colossaux, Goodyear France est très largement bénéficiaire. Dans un contexte économique comme celui d'aujourd'hui, il est dangereux et inadmissible de jeter des centaines de familles dans le désarroi social", a-t-il affirmé.
Goodyear-Dunlop emploie 3.500 personnes en France.
Après le jugement, la CGT a demandé à la direction de "revenir à la raison, et de se mettre autour d'une table" pour "discuter de l'avenir industriel du site".
Pour le secrétaire CGT de Goodyear Dunlop, Mickael Wamen, le plan social, annoncé le 26 mai, était "une vengeance personnelle de la direction qui n'a pas réussi à mettre en place les 4X8 (la nouvelle organisation du travail, NDR)".
Lors de l'annonce du plan, la direction du groupe avait mis en avant le refus de la CGT, majoritaire, d'accepter en juillet 2008 "un plan de modernisation comprenant 52 millions d'euros d'investissement sur trois ans et une nouvelle organisation du travail" en quatre équipes au lieu de cinq.
Le syndicaliste a ajouté que le jugement constituait "une grande joie" et "une énorme satisfaction du travail accompli par notre syndicat depuis le début".
De son côté, Virgilio Mota da Silva, délégué Sud chez Goodyear, a estimé que "la direction démontre une fois de plus son incompétence et le paye".
Le plan social s'était révélé deux fois supérieur à une précédente restructuration touchant 402 emplois, mais que le tribunal de Nanterre avait interdit en novembre 2008 pour non respect des procédures légales.
La cour d'appel de Versailles avait annulé l'ordonnance rendue à Nanterre, mais la direction avait annoncé qu'un plan plus important était en préparation, en raison de la crise économique.