Recul ou correction du marché ? Quoi qu'il en soit, voici ce qu'il faut faire ensuiteVoir Actions Surévaluées

Illustration : Le marché obligataire se retourne contre Draghi

Publié le 02/11/2021 19:22
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Par Geoffrey Smith

Investing.com -- Il semble que le marché obligataire puisse encore mordre. Il peut même mordre la main qui l'a généreusement nourri pendant huit ans.

Mais ce qui s'est passé la semaine dernière sur les marchés souverains européens n'était-il qu'une réaction réflexe, née d'un instinct ancestral, ou était-ce un signe plus inquiétant des choses à venir ?

Tout aussi important, le marché a-t-il simplement donné un coup de fouet amical à son vieil ami, le Premier ministre italien et ex-président de la BCE Mario Draghi, ou l'a-t-il averti qu'il y a des limites à l'indulgence dont il peut faire preuve ?

Jeudi, les obligations italiennes et grecques ont connu leur pire vente en une journée depuis plus d'un an, et ce pour le plus infime des prétextes. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, à qui l'on posait une question de routine sur l'évolution future des taux d'intérêt de la BCE, a été jugée par de nombreux auditeurs comme n'ayant pas repoussé assez fermement l'idée qu'ils pourraient un jour devoir augmenter.

Le marché a réagi en vendant massivement la dette italienne, ce qui a fait grimper les rendements 10 ans de 25 points de base pour atteindre leur plus haut niveau en 15 mois. Le fameux "{{1079965|Spread}" - la prime sur les obligations allemandes qui est le baromètre du risque d'éclatement de la zone euro - a également atteint 135 points de base, son plus haut niveau depuis plus d'un an.

Cette hausse fait suite à des mois de calme sans précédent, au cours desquels elle a oscillé entre 97 et 109, les acheteurs d'obligations de la BCE ayant écarté tout soupçon de crise systémique due à la pandémie.

Alors pourquoi cette vente maintenant ? Le manque de communication de Lagarde était - tout au plus - un péché par omission. Ce n'était rien comparé à la célèbre gaffe de sa première conférence de presse, lorsqu'elle a déclaré que "la BCE n'est pas là pour combler le fossé", un commentaire qui allait à l'encontre de huit années de politique de la BCE de l'ère Draghi et qui a déclenché la dernière vague de ventes sérieuses.

L'UE a déjà approuvé le plan de réforme et de reconstruction post-pandémie de l'Italie (lire : Draghi), qui affecte plus de 200 milliards d'euros (232 milliards de dollars) de fonds européens à Rome. C'est un luxe dont aucun Premier ministre italien n'a jamais bénéficié. Et ce, malgré le fait qu'à plus de 5 % du PIB, le déficit budgétaire de l'année prochaine est clairement insoutenable à moyen terme. Heureusement pour l'Italie, le risque que la Commission européenne impose à nouveau des limites strictes aux emprunts publics est faible tant que son compatriote Paolo Gentiloni détient le portefeuille clé des affaires économiques et monétaires. La perspective d'un gouvernement moins fiscaliste à Berlin est également opportune à cet égard. Tant que Draghi dirige le spectacle à Rome, le crédit de l'Italie sera toujours bon à Bruxelles et à Francfort, semble-t-il.

Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Au fur et à mesure que l'urgence de la pandémie s'estompe (le rebond économique de l'Italie cette année n'a pas été moins vigoureux que celui de la France ou de l'Allemagne, ce qui contraste fortement avec la situation d'il y a 12 ans), la discipline des partis politiques italiens en guerre va inévitablement s'effilocher. Déjà, des chefs de parti comme Matteo Salvini se bousculent pour revenir à une politique plus compétitive, cherchant à pousser Draghi sur la touche.

De plus, l'autorité de Draghi semble déjà s'affaiblir un peu, bien que venant d'un coin inattendu. L'échec, le mois dernier, des négociations visant à vendre la banque en difficulté Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS) à Unicredit (MI:CRDI) a été une défaite rare mais significative. Les protestations contre son mandat de vaccination - le premier au monde à couvrir à la fois les travailleurs du secteur privé et ceux du secteur public - ont été importantes et indisciplinées - le genre de manifestations qui peuvent causer de sérieux dommages aux dirigeants sans mandat démocratique direct.

La solution semble déjà prendre forme : En janvier, le mandat présidentiel du vénérable Sergio Mattarella prend fin. Draghi a jusqu'à présent rejeté les suggestions selon lesquelles il se laisserait désigner comme successeur de Mattarella, affirmant qu'il souhaite rester jusqu'aux élections parlementaires de 2023. Toutefois, il s'agit d'une fonction qui correspond à sa stature en Italie et qui lui permet d'exercer une influence moins directe, mais - étant donné la fréquence des crises du gouvernement italien - toujours importante.

Tant que Draghi est impliqué à un certain niveau, le risque pour les obligations italiennes - et les actifs italiens en général - semble contenu. La leçon des dix dernières années est qu'aucun gouvernement italien ne peut survivre sans le soutien de la BCE et que Draghi est particulièrement bien placé pour maintenir les relations entre les deux. Mais quel que soit l'arrangement final à Rome, la liquidation de la semaine dernière nous rappelle qu'une solution doit être trouvée le plus tôt possible. Le marché obligataire a déjà fait comprendre à l'Australie que les banques centrales ne peuvent pas les défier indéfiniment, et il pourrait inciter la Banque d'Angleterre à resserrer sa politique monétaire plus tard dans la semaine. L'époque de la volatilité zéro semble être révolue. Le besoin d'une main apaisante comme celle de Draghi sera bientôt plus grand que jamais.

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