par Foo Yun Chee
BRUXELLES (Reuters) - Un groupe composé de 165 entreprises et organisations a invité l'autorité européenne de la concurrence à se montrer plus ferme vis-à-vis de Google car il estime que le géant américain de la technologie favorise ses propres services dans les résultats des recherches sur internet.
Dans une lettre conjointe adressée jeudi à Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, ce groupe, qui comprend des sociétés américaines et européennes, accuse la filiale d'Alphabet (NASDAQ:GOOGL) d'accorder un traitement de faveur à ses services d'hébergement, de voyages et d'emploi. Il note par exemple que le moteur de recherche attribue un emplacement préférentiel à ces services lorsqu'un internaute effectue une requête. Le groupe appelle en conséquence l'exécutif européen à mettre rapidement fin à cette pratique.
Google, qui rejette les accusations formulées à son encontre, estime que les utilisateurs ne sont pas enfermés et peuvent en un clic accéder aux services concurrents.
"Les gens s'attendent à ce que Google leur fournisse les résultats de recherche les plus pertinents et de haute qualité pour lesquels ils peuvent se fier", a déclaré un représentant du groupe américain.
"Ils ne s'attendent pas à ce que nous privilégions des entreprises en particulier ou des concurrents (...) ou que nous arrêtions de lancer des services utiles qui créent davantage de choix et de concurrence pour les Européens", a-t-il ajouté.
Margrethe Vestager a déjà infligé à Google des amendes d'un montant total de 8,25 milliards d'euros au cours des trois dernières années, notamment pour abus de position dominante.
Le groupe des 165, qui se définit comme étant le plus important à saisir l'autorité européenne de la concurrence, comprend 135 entreprises de services en ligne et 30 organisations.
Parmi les signataires de la lettre consultée par Reuters figurent Yelp (NYSE:YELP), Expedia, Trivago, Kelkoo, Stepstone et Foundem.
"Bien que nous soyons en concurrence pour fournir au consommateur la meilleure expérience, il existe un concurrent commun qui ne joue pas équitablement: Google", écrivent les signataires dans leur lettre.
"Google a obtenu des avantages injustifiés en traitant de manière préférentielle ses propres services dans ses pages de résultats de recherche (...)", poursuit la lettre qui dénonce notamment l'usage des "OneBoxes". Cet emplacement, juste sous la barre de recherche, regroupe les réponses à une requête d'un internaute et est considéré généralement comme un bon moyen pour une entreprise locale de disposer de davantage de visibilité.
"Avec cette utilisation exclusive des OneBoxes, Google maintient artificiellement les utilisateurs dans son propre service et les empêche de visiter des services concurrents et plus pertinents", dénonce la lettre.
Le groupe des 165 estime que le Digital Markets Act, la future loi destinée à empêcher les plates-formes d'abuser de leur position dominante, prendra trop de temps pour entrer en vigueur. Il exhorte en conséquence l'exécutif européen à agir rapidement pour s'assurer que Google accorde à ses concurrents un traitement équitable dans les résultats de recherche.
(Avec Philip Blenkinsop; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)