Investing.com La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu les taux d'intérêt à 4 % depuis septembre 2023, ont déclaré les analystes de Deutsche Bank (ETR:DBKGn) Research dans une note.
"En juin, la BCE a initié le cycle d'assouplissement avec une baisse de 25 pb. Notre scénario de référence actuel prévoit que la BCE réduira encore ses taux deux fois en 2024, avec des baisses de 25 pb en septembre et en décembre, et un taux terminal dans une zone d'atterrissage de 2,00-2,50 % plus tard en 2025 ou au début de 2026", ont déclaré les analystes.
Pour faciliter des baisses de taux plus rapides et plus substantielles, la BCE doit remplir plusieurs conditions essentielles.
Premièrement, la capacité de la BCE à réduire rapidement les taux dépend de sa perception des risques d'inflation à moyen terme. La BCE est particulièrement préoccupée par la possibilité d'une inflation inférieure à son objectif de 2 % à moyen terme.
Cette préoccupation est influencée par divers facteurs, notamment le risque d'un atterrissage brutal de l'économie et la stabilité des anticipations d'inflation.
Les analystes de la Deutsche Bank Research notent que si le risque d'un atterrissage brutal a augmenté, il n'est pas encore acquis.
L'affaiblissement des conditions du marché du travail et l'éventualité d'un resserrement budgétaire pourraient accroître ces risques.
Actuellement, il y a des signes de ralentissement sur le marché du travail, avec un PMI composite de l'emploi qui est tombé en dessous de 50, mais cela ne s'est pas encore traduit par des pertes d'emplois significatives ou une réduction des pressions sur les salaires.
La BCE devra voir des indications plus claires que la faiblesse du marché du travail affecte la croissance des salaires.
En outre, les attentes en matière de politique budgétaire, notamment le retrait des mesures de protection énergétique et la réactivation des règles fiscales, pourraient freiner davantage la reprise économique, ce qui influencerait les décisions de la BCE.
La position de la BCE sur le caractère transitoire ou persistant de l'inflation est un autre facteur crucial. La banque a initialement relevé ses taux rapidement en réponse à une inflation inattendue, et pour faire marche arrière aussi rapidement qu'elle l'a fait, il faudrait qu'elle soit convaincue que l'inflation est désormais transitoire.
Étant donné que l'inflation reste supérieure à l'objectif fixé et qu'il n'y a pas de signe immédiat d'une baisse spectaculaire des indicateurs d'inflation, il est peu probable que la BCE réduise ses taux aussi rapidement qu'elle les a relevés.
Deutsche Bank Research signale que les attentes actuelles en matière d'inflation, bien que légèrement inférieures, sont toujours supérieures aux niveaux qui entraîneraient généralement un assouplissement significatif. Sans une baisse significative de ces attentes, la BCE pourrait hésiter à accélérer les réductions de taux.
Le concept de taux neutre joue également un rôle important dans les décisions politiques de la BCE. Lorsque la BCE a initialement relevé ses taux en 2022, elle visait à revenir à un niveau neutre d'environ 1,50-2,00 %.
Les taux actuels étant de 3,75 %, la réduction à un niveau neutre implique de nouvelles baisses. Les analystes suggèrent que si la BCE identifie le taux neutre comme étant autour de 2,00-2,50 %, elle pourrait justifier des réductions de taux plus rapides, en particulier si les risques d'inflation diminuent.
L'expérience précédente de la banque en matière de hausses rapides lorsque les taux étaient loin d'être neutres suggère qu'elle pourrait également réduire les taux rapidement si nécessaire.
Enfin, l'orientation actuelle de la politique monétaire pourrait être considérée comme contre-productivement restrictive, ce qui pourrait entraîner des baisses de taux plus rapides. Si les conditions financières devaient se resserrer fortement ou si les conditions de crédit se détérioraient de manière significative, la BCE pourrait réagir de manière plus agressive.
Toutefois, les données récentes indiquent que les conditions financières ne se resserrent pas actuellement d'une manière qui nécessiterait une action immédiate.
Les analystes de la Deutsche Bank observent que si les taux d'intérêt réels ont augmenté, il n'y a pas de preuve évidente que l'orientation actuelle de la politique monétaire est excessivement restrictive.
La recherche de la Deutsche Bank suggère que si le marché anticipe actuellement des baisses de taux modestes en septembre et en décembre, il est possible d'adopter une approche plus agressive si les risques de baisse deviennent plus prononcés.
La BCE restera attentive à l'évolution des données et des conditions économiques générales. Toute évolution vers une inflation et une croissance plus faibles pourrait entraîner des réductions de taux plus rapides.