PARIS (Reuters) - Passé le choc du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine et l'incertitude du Brexit, 2020 devrait se caractériser par une reprise économique lente, confortant un scénario de long terme conjuguant croissance faible et taux bas, estime Lombard Odier.
"Le bilan 2019 est assez paradoxal, avec un contexte économique très difficile mais des performances très, très bonnes des marchés financiers, parce que le coût du capital a drastiquement baissé partout dans le monde" grâce à la baisse des taux d'intérêt, a résumé Samy Chaar, chef économiste de la banque privée suisse, lors d'une présentation mardi.
L'année 2020 devrait marquer un plancher pour l'économie, d'une part grâce au soutien des autorités monétaires - et dans de rares cas, comme en Chine, des politiques budgétaires - d'autre part avec la dissipation des deux grands risques que constituaient le conflit USA-Chine et le Brexit.
Sur le commerce, dit Samy Chaar, "notre hypothèse de travail, c'est qu'il va y avoir un accord, qu'on ne va pas augmenter les tarifs mais qu'on ne va pas les baisser beaucoup."
Il table ainsi sur des droits de douane américains moyens d'environ 12% sur les produits chinois importés aux Etats-Unis, contre 15,4% actuellement.
Cela devrait se traduire par une poursuite de la croissance, mais ralentie, à 1,8% aux Etats-Unis en 2020 après 2,3% cette année, à 5,9% en Chine après 6,1% et à 1,0% en zone euro après 1,1%.
L'économiste n'exclut d'ailleurs pas que la Réserve fédérale soit contrainte de reprendre la baisse des taux d'intérêt fin 2020 pour prolonger encore le cycle actuel de croissance.
SUR LES MARCHÉS, DES ÉPISODES DE VOLATILITÉ À PRÉVOIR
Pour les marchés financiers, ce contexte pourrait se traduire par des épisodes de volatilité, avec à la clé la possibilité de baisses de 10% à 15% suivis de rebonds.
"Mais pour avoir une vraie persistance de la volatilité, avec des marchés à -25% et qui ont du mal à rebondir, il faut craindre la récession. Et comme je ne crains pas la récession, je pense que toute volatilité sera temporaire", dit Samy Chaar.
Pour autant, la faiblesse conjuguée de la croissance et des taux constitue "une énorme contrainte de gestion" pour les investisseurs. Entre autres sur les actions, en empêchant l'expansion des multiples et en limitant la croissance bénéficiaire autour de 5%.
"Pour un portefeuille équilibré, en moyenne, on va réussir à générer du 3% à 5% par an en moyenne dans les dix prochaines années, estime Samy Chaar. Avec de la volatilité."
Il faut donc "aller chercher du rendement là où il se trouve", poursuit-il. Lombard Odier s'intéresse ainsi de plus en plus à l'immobilier de rendement, aux infrastructures et au capital-investissement.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)