Par Noreen Burke
Investing.com - Tous les yeux seront tournés vers la Banque centrale européenne cette semaine, alors que les banquiers centraux du monde entier tentent de répondre au risque économique posé par la menace du coronavirus. La BCE, qui se réunit jeudi, a moins de marge de manœuvre que la Réserve fédérale, mais les observateurs du marché voient encore une bonne chance de baisse des taux. Le gouvernement britannique présentera mercredi son nouveau budget, qui devrait contenir un ensemble de mesures en réponse à la crise. Les données économiques de la Chine, des États-Unis, du Japon et de la zone euro donneront aux investisseurs une chance de mesurer l'impact de la crise virale sur l'économie mondiale. Le pétrole sera également au centre de l'attention après l'effondrement vendredi d'un pacte entre l'OPEP et la Russie visant à freiner la production, ce qui a fait chuter les prix. Voici ce que vous devez savoir pour commencer votre semaine.
Réunion de la BCE
La réunion de la BCE de jeudi sera un test pour Christine Lagarde. La BCE doit trouver un équilibre entre la démonstration de sa capacité d'action et la prise de conscience que le soutien de la reprise économique pourrait nécessiter de fortes doses de dépenses publiques plutôt qu'une stimulation monétaire accrue.
Certains décideurs politiques de la BCE ont mis en garde contre une action rapide ; là où les taux sont déjà très négatifs, de nouvelles réductions pourraient avoir un impact limité.
"Nous pourrions voir un mélange de plusieurs mesures de moindre envergure comme une réduction des taux de 10 points de base, des ajustements des garanties, des opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO) et une augmentation du programme d'achat du secteur des entreprises (CSPP)", ont écrit les analystes d'ING (AS:INGA) dans une note.
Budget du Royaume-Uni
Le nouveau Chancelier de l'Echiquier britannique Rishi Sunak présentera son premier budget mercredi. Il devait déjà annoncer un plan de relance ciblant les régions les plus pauvres, mais la propagation du coronavirus signifie qu'il n'aura peut-être pas d'autre choix que d'augmenter encore les dépenses publiques.
Ces attentes ont encore été renforcées lorsque le nouveau gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, a suggéré une réponse coordonnée entre le gouvernement et la banque centrale pour aider les petites entreprises touchées par les retombées du coronavirus.
Bailey a également déclaré qu'il souhaiterait voir plus de preuves de l'impact du virus avant d'envisager une réduction des taux lors de la prochaine réunion politique de la BoE prévue le 26 mars.
Black-out de la Fed, données américaines
Les décideurs politiques de la Fed entament leur traditionnelle période de "black-out" avant leur prochaine réunion, pendant laquelle ils évitent de faire des déclarations politiques de quelque nature que ce soit, dans un contexte où les marchés mondiaux s'accrochent à tous les indices concernant la décision à venir. Les craintes de propagation du coronavirus ont alimenté l'espoir que la banque centrale réduise à nouveau ses taux après la réduction d'urgence de la semaine dernière. Les investisseurs tentent de déterminer si les décideurs politiques sont sérieusement préoccupés par une forte récession économique ou s'ils veulent simplement s'assurer contre cette éventualité.
Sur le front des données, les investisseurs se concentreront sur la lecture préliminaire de l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan, qui aura lieu vendredi en mars. Le consensus prévoit une baisse substantielle étant donné la chute des marchés des actions et les titres négatifs des coronavirus, ce qui pourrait souligner les inquiétudes quant à la perspective d'une activité économique plus faible dans les prochains mois.
Le calendrier de cette semaine comporte également des données sur les demandes d'allocations de chômage, l'inflation et le commerce, mais les rapports datent principalement de la période précédant l'apparition des craintes liées au virus aux États-Unis, et ils seront donc probablement relégués au second plan.
Données chinoises
Les données chinoises publiées samedi ont montré que les exportations se sont fortement contractées au cours des deux premiers mois de l'année, et les importations a décliné, dans le contexte de la crise sanitaire déclenchée par l'épidémie de coronavirus.
Les chiffres de l'inflation chinoise, qui doivent être publiés mardi, indiqueront probablement que les perturbations de l'approvisionnement ont vu les prix à la production se contracter le mois dernier.
Pour l'avenir, les autorités voudront faire face aux risques de croissance, et s'attendent donc à de nouvelles réductions des ratios de réserves bancaires, des rendements du marché monétaire et des taux de référence. Il est également probable que Pékin accélère les projets d'infrastructure pour relancer l'économie.
Pendant ce temps, les investisseurs étrangers se précipitent sur les actions chinoises et les obligations à haut rendement en yuan, alors que d'autres marchés s'effondrent. Mais ils s'interrogent également sur la forme que prendra la reprise en Chine et se demandent si celle-ci pourrait être compromise par la propagation mondiale du virus.
La guerre des prix du pétrole
Une lune de miel de trois ans entre l'OPEP et la Russie s'est effondrée vendredi après que Moscou ait refusé de soutenir des coupes de pétrole plus importantes pour faire face à l'épidémie de coronavirus et que l'OPEP ait réagi en supprimant toutes les limites de sa propre production.
Le prix du pétrole a chuté de 10 % alors que le développement a ravivé les craintes d'un effondrement des prix en 2014, lorsque l'Arabie saoudite et la Russie se sont battues pour des parts de marché avec les producteurs américains d'huile de schiste, qui n'ont jamais participé à des pactes de limitation de la production.
Toutes les limites expireront à la fin du mois, ce qui signifie que les membres de l'OPEP et les producteurs non-OPEP peuvent en théorie pomper à volonté sur un marché déjà surapprovisionné.
Mais la situation a déjà commencé à s'aggraver, avec la décision prise par l'Arabie Saoudite de casser les prix, ce qui a occasionné une chute de 30% des prix de l'Or noir à la réouverture du marché dimancher soir...
--Reuters a contribué à ce rapport