Au lendemain de l'arrivée du financier Sébastien Bazin à sa tête, le groupe hôtelier Accor a vu son action dévisser en Bourse mercredi, sanctionné du fait de résultats semestriels et de prévisions jugés décevants par le marché.
En début d'après-midi, son titre affichait la plus forte baisse du CAC 40, perdant 4,7% à 27,42 euros peu après 13H30 (11H30 GMT) dans un marché en repli de seulement 0,42%.
Leader européen et numéro six mondial de son secteur, Accor est repassé dans le vert sur les six premiers mois de l'année, avec un bénéfice net de 34 millions d'euros contre une perte nette de 532 millions sur la même période de 2012, affectée à l'époque par la cession de Motel 6.
Le résultat d'exploitation a en revanche baissé de 6,6%, à 198 millions d'euros, contre 212 millions au premier semestre 2012.
Le groupe est également resté prudent pour l'ensemble de 2013, dévoilant des prévisions annuelles défensives. Il table désormais sur un résultat d'exploitation compris entre 510 et 530 millions d'euros, contre 526 millions en 2012.
Cette prévision "est plus basse que la nôtre et que celle du consensus", souligne une note de Bryan Garnier.
"Globalement, les résultats du premier semestre sont décevants, étant affectés par l'environnement économique, mais aussi probablement par les incertitudes sur la gouvernance après le départ de Denis Hennequin", résume Bruno de La Rochebrochard, analyste chez Bryan Garnier.
Quatre mois après l'éviction brutale de M. Hennequin, Accor s'est choisi mardi pour nouveau PDG Sébastien Bazin, auparavant vice-président et représentant du fonds Colony Capital, l'un de ses deux principaux actionnaires avec la société d'investissement Eurazeo.
Le président du directoire d'Eurazeo Patrick Sayer a défendu mercredi cette décision, arguant que le conseil d'administration l'avait arrêtée après avoir "interviewé pléthore de candidats" et fait appel à "l'un des meilleurs chasseurs de tête" pour trouver le successeur idoine à Denis Hennequin.
"Qui était celui qui avait l'intelligence, le projet, la vision, l'ambition la plus forte et la plus affirmée pour le groupe Accor? C'était Sébastien Bazin", a-t-il défendu sur BFM Business.
Le nouveau PDG n'a pas commenté mercredi les résultats du groupe.
"Etat des lieux" à venir
La directrice générale finances Sophie Stabile n'a pas souhaité commenter son arrivée aux commandes du groupe, se bornant à évoquer "un état des lieux" dans "les mois qui viennent".
Commentant les résultats, elle a attribué la baisse du résultat d'exploitation "principalement aux investissements sur le semestre, avec un plan de 120 millions d'euros sur quatre ans".
"Une partie de ces investissements a déjà été mise en œuvre sur ce premier semestre et donc cela a dégradé le résultat net d'exploitation", a-t-elle déclaré lors d'une conférence téléphonique.
Mme Stabile a évoqué une "activité solide", avec des objectifs à 2016 qui restent "inchangés".
Le chiffre d'affaires a lui très légèrement reculé de 0,9% à 2,7 milliards d'euros au premier semestre. A périmètre et taux de change constants, il a en revanche augmenté de 1,8%.
Cette tendance de "bon niveau, tient compte des investissements sur la partie distribution", a précisé Mme Stabile.
Au premier semestre, Accor a enregistré une bonne activité du segment haut et milieu de gamme. Durant l'été, l'activité est restée soutenue et la tendance devrait se poursuivre sur le second semestre de l'année.
Le groupe juge son plan de développement 2013-2016 bien engagé. A fin juin, il estimait sa capacité totale à 117.700 chambres sur la base des ouvertures d'hôtels assurées, dont 84% en contrats de management et de franchise, 50% en Asie-Pacifique et 47% pour les hôtels de la "famille Ibis".
"Sur l'Europe du Sud, la situation ne s'améliore pas en termes de chiffre d'affaires. Par contre ce qui a été mis en œuvre fin 2012, des mesures drastiques en terme d'économie", entraîne "une amélioration", a souligné Sophie Stabile.