La plupart des grandes banques centrales dans le monde ont annoncé dans la nuit de dimanche à lundi des mesures concertées et exceptionnelles pour calmer les marchés et ramener la stabilité financière dans la zone euro, portant notamment sur l'approvisionnement en dollars des banques.
"En réaction à la résurgence de tensions sur les marchés européens du financement à court terme en dollars américains", la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (Fed) et les banques centrales du Canada, d'Angleterre et de Suisse, ont décidé de "réactiver" des mécanismes d'échanges (swap) de devises entre elles.
Ces mesures ont notamment pour objectif de permettre à l'Europe de se procurer plus facilement des dollars, d’améliorer les conditions de liquidité sur les marchés du financement en dollars américains et de prévenir la propagation des tensions sur d’autres marchés et centres financiers.
La Banque du Japon (BoJ) a annoncé de son côté qu'elle s'associait à ces mesures d'urgence. Elle injecte également 2.000 milliards de yens (16,7 milliards d'euros) dans le système bancaire du pays pour la deuxième journée consécutive.
La Fed a expliqué dans un communiqué que les accords d'échanges avec la Banque d'Angleterre, la BCE et la Banque nationale suisse allaient "fournir à ces banques centrales la capacité de mener des offres en dollars dans leurs marchés locaux à des taux fixes", tandis que les accords avec la Banque du Canada allaient permettre des prélèvements allant jusqu'à 30 milliards de dollars".
Ces accords de swap ont été autorisés jusqu'en janvier 2011, précise la Fed.
C'est la première fois depuis la crise financière mondiale que les banques centrales font appel à un tel dispositif.
En 2007-2008, elles avaient agi de concert à plusieurs reprises de cette manière pour tenter de relancer le marché du crédit qui s'était retrouvé totalement paralysé.
La Banque centrale européenne a en outre annoncé dimanche des "interventions" sur le marché obligataire de la zone euro, tant privé que public, dont le contenu précis sera décidé ultérieurement mais qui devrait prendre la forme d'achat de titres obligataires, ce qui revient pour les Etats à leur prêter de l'argent.
Il s'agit d'un geste exceptionnel visant à soulager les Etats en difficulté de la zone euro, sous pression sur le marché de la dette où les taux qu'ils doivent payer pour emprunter grimpent beaucoup.
Toutes ces mesures visent à faire face "aux tensions graves observées sur les marchés financiers", selon le communiqué de la BCE.
La crise de la dette dans la zone euro, déclenchée en Grèce et qui s'est étendue ensuite à d'autres pays comme l'Espagne, le Portugal, voire l'Italie, a créé un mouvement de défiance généralisé des marchés.
Les Bourses mondiales ont fortement chuté la semaine dernière, les marchés obligataires se sont tendus, la chute de l'euro face au dollar s'est accélérée et les banques européennes éprouvent des difficultés à s'approvisionner suffisamment en billet vert, d'où le dispositif mis en place pour les soulager.
A la suite des annonces des banques centrales et d'un plan européen de secours historique allant jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider si besoin les pays de la zone euro, la monnaie européenne est remontée à 1,2917 dollar vers 02H30 GMT dans les échanges asiatiques.
Elle cotait 1,2759 dollar vendredi à 21H15 GMT et avait touché jeudi un plus bas depuis mars 2009 face au billet vert à 1,2523 dollar, à cause de craintes d'une contagion des problèmes financiers de la Grèce à d'autres pays de la zone euro.
Les places financières asiatiques réagissaient aussi positivement, Tokyo gagnant notamment 1,30% à la mi-séance.