Deux ans après "le scandale DSK", le FMI s'est épargné une nouvelle crise en réaffirmant mardi son soutien à sa directrice générale, Christine Lagarde, qui a échappé à une mise en examen dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais.
Après la décision de la Cour de la justice de la République (CJR) de placer vendredi Mme Lagarde sous le statut de "témoin assisté", le conseil d'administration du Fonds monétaire international, qui représente ses 188 Etats-membres, s'est réuni mardi à huis clos.
"Le conseil d'administration a été informé de cette affaire, notamment de l'issue des récentes auditions devant la Cour de justice de la République à Paris, et a réaffirmé sa confiance dans les capacités de la directrice générale à assumer efficacement ses fonctions", a-t-il indiqué dans un communiqué à l'issue de cette réunion qui n'avait pas été annoncée.
Très attendue par l'entourage de Mme Lagarde, cette prise de position retire une douloureuse épine du pied d'une institution impliquée dans quatre plans de sauvetage en Europe et encore traumatisée par la chute de son ancien patron, Dominique Strauss-Kahn.
Les soupçons qui pèsent sur l'ancienne ministre de l'Economie sont certes sans commune mesure avec les accusations d'agression sexuelle qui ont poussé DSK à démissionner en mai 2011, provoquant une onde de choc mondiale.
Mais l'impact d'une mise en examen de Mme Lagarde --visée par l'enquête sur le règlement du contentieux entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais en 2008-- était hautement redouté au siège du FMI à Washington.
Le gouvernement français semblait lui-même hésitant. Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici avait assuré que Mme Lagarde continuerait d'avoir le soutien de la France tandis que la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, jugeait que l'ex-ministre devrait "sans doute" quitter ses fonctions en cas de mise en examen.
"On serait entré en territoire inconnu", assure-t-on dans l'entourage de la directrice générale.
En prévision, tout avait été fait pour atténuer l'impact de cette affaire, notamment dans la presse économique anglo-saxonne.
Le jour du début de l'audition de Mme Lagarde, un important rapport du FMI sur la dette des Etats avait opportunément "fuité" dans le Financial Times qui en avait fait sa "une", réservant un petit encart aux problèmes légaux de la directrice générale.
"Comme en 14!"
Auréolée de la nouvelle marque de soutien des Etats-membres, Mme Lagarde, qui a toujours refusé de "spéculer" sur son sort, va pouvoir s'atteler aux dossiers chaud du moment, en Europe mais également en Egypte. "Elle est déjà repartie comme en 14!", selon son entourage.
"Avant même son élection, le conseil d'admininistration du FMI savait ce qui planait au-dessus (de Mme Lagarde) et a toujours pensé que cela ne l'empêcherait pas de mener à bien sa mission. Les faits lui ont donné raison", affirme à l'AFP Ted Truman, du centre de réflexion Peterson Institute à Washington.
"Rien ne laisse penser" que les Etats-Unis, premiers actionnaires du Fonds, ne sont pas satisfaits de son action, précise à l'AFP Douglas Rediker, qui fut le représentant américain au sein du Fonds entre 2010 et 2012.
Mme Lagarde n'est toutefois pas totalement tirée d'affaire. Le statut de témoin assisté désigne une situation intermédiaire entre témoin et mise en examen mais n'implique pas un abandon définitif des poursuites.
L'enquête sur "l'arbitrage Tapie" continue et l'ancienne ministre peut être de nouveau convoquée à tout moment et mise en examen.
Soupçonnés d'avoir eu des liens qui ont pu fausser le jugement rendu en 2008, le juge arbitre Pierre Estoup et l'avocat de l'homme d'affaires Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, viennent ainsi d'être placés en garde à vue.