La grève des stewards et hôtesses de Lufthansa s'est intensifiée mardi, s'étendant à l'aéroport de Berlin-Tegel et de Munich, outre Francfort déjà touché la semaine dernière, et le syndicat UFO menace maintenant la compagnie d'une grève nationale de 24 heures vendredi.
"Nous sommes très sérieux, (...) vendredi il y aura une grève de 24 heures dans tous les aéroports allemands" si la première compagnie aérienne allemande n'accepte pas une médiation sur les revendications syndicales de ses salariés, a averti le président d'UFO Nicoley Baublies.
UFO a indiqué que si la direction de Lufthansa est prête à accepter une médiation sans condition préalable, l'arrêt total du travail de vendredi serait abandonné. UFO a également écarté toute action pour les journées de mercredi et jeudi.
Mardi, le syndicat a montré sa détermination en provoquant l'annulation de 217 des 370 vols prévus à l'aéroport de Francfort, le principal noeud aérien de Lufthansa, où la grève a duré huit heures. Il s'agissait essentiellement de courts et moyen-courriers, 16 long-courriers ont toutefois dû être annulés aussi.
A l'aéroport berlinois de Tegel, où la grève a duré de 03H00 GMT à 11H00 GMT, l'impact était moindre, avec 15 annulations sur 39 vols Lufthansa prévus.
A Munich, où la grève a démarré à 11H00 GMT et durera jusqu'à 22H00 GMT, Lufthansa espère pouvoir assurer trois quarts des 450 vols prévus, grâce à ses filiales non affectées par la grève.
Le mouvement était de bien plus grande ampleur que celui de vendredi, limité à l'aéroport de Francfort et qui avait duré huit heures. Des centaines de vols avaient déjà été annulés.
La compagnie aérienne et UFO, qui revendique l'adhésion d'environ deux tiers des quelque 18.000 hôtesses et stewards de la compagnie, s'accusent mutuellement d'"arrogance".
Lufthansa a d'ailleurs estimé que c'était UFO qui bloquait les négociations. "Un document négociable est déjà sur la table", a rappelé le porte-parole Klaus Walther, jugeant le mouvement de mardi de "superflu".
"Si (ce mouvement) tourne à l'épreuve de force, au bout du compte nous serons tous affectés", a-t-il ajouté.
Lufthansa reproche en outre au syndicat d'avoir annoncé les différents débrayages que six heures avant leur début.
Cette nouvelle grève a été décidée après l'échec de négociations avec la direction sur les salaires et les conditions de travail.
Depuis avril, le syndicat exige une hausse des salaires de 5% sur 15 mois et rétroactive à partir du 1er janvier, pour rattraper trois ans de stagnation.
UFO s'oppose également au recours à du personnel de cabine intérimaire dans des appareils de la Lufthansa.
La compagnie a elle proposé une hausse des rémunérations de 3,5%, renoncé aux licenciements économiques, aux contrats à durée déterminée et au recours aux intérimaires, selon un porte-parole de Lufthansa interrogé mardi matin par la chaîne de télévision allemande ntv. La direction demande en échange "une contribution à une augmentation de la compétitivité", comme travailler deux heures de plus par mois.
Le conflit social arrive à un moment particulièrement défavorable, fin août et septembre étant des périodes de pointe pour les compagnies aériennes et alors que les grands groupes du secteur, dont Lufthansa, peinent entre autres à faire face à la concurrence des compagnies low-cost et sont confrontées à la nécessité de réviser leur modèle.
Une première grève historique du personnel navigant de Lufthansa début 2009 s'était soldée par un manque à gagner de plusieurs millions d'euros pour la compagnie.
En février dernier, elle avait eu à subir une grève des contrôleurs au sol de l'aéroport de Francfort mais le mouvement n'avait eu qu'une portée limitée, n'ayant concerné que 200 salariés qui avaient pu être partiellement remplacés d'urgence.