L'assureur américain AIG, nationalisé à 80%, prévoit de finaliser son plan de recapitalisation et de rembourser la Réserve fédérale de New York d'ici vendredi, d'après un communiqué publié mercredi.
Quelques heures après cette annonce, l'agence d'évaluation financière Moody's dégradait d'un cran la note de l'assureur, de A3 à Baa1, pour prendre note des risques accrus liés au processus de désengagement de l'Etat.
"Cette dégradation illustre l'opinion de Moody's selon laquelle si le coeur d'activité dans l'assurance s'est stabilisé depuis un an, ce n'est pas suffisant pour justifier la note précédente en l'absence de la poursuite du soutien gouvernemental", a indiqué l'agence dans un communiqué.
"Moody's croit également que le risque supplémentaire restant associé à des activités qui ne font pas partie du coeur de métier reste un élément négatif pour l'évaluation du crédit, qui ne sera plus contrebalancé par le soutien gouvernemental", a ajouté l'agence, en indiquant que la perspective de l'assureur était "stable".
AIG s'attend à finaliser son plan de recapitalisation le 14 janvier, au plus tard, même si ce n'est pas encore certain, alors que les conditions préalables à l'émission de bons de souscription d'actions ordinaires prévue dans le cadre de ce plan "ont été satisfaites". Il prévoit d'émettre 75 millions de bons de souscription à 45 dollars l'action, avait-il indiqué la semaine dernière.
L'assureur pense pouvoir "rembourser entièrement la Banque fédérale de New York" d'ici vendredi. La part d'AIG détenue sous forme d'actions préférentielles par le Trésor américain sera pour sa part "échangée en actions ordinaires" de l'assureur, que le Trésor cèdera "petit à petit".
"Avec les mesures annoncées ce jour, nous pensons que nous serons en mesure de tenir notre promesse aux Américains de leur rembourser l'aide extraordinaire qu'ils ont fournie à AIG pendant la crise financière de 2008", a commenté le directeur général Robert Benmosche, cité dans le communiqué.
"Nous leur restons reconnaissants pour leur support à AIG et restons convaincus que les Américains vont réaliser un bénéfice sur les investissements dans notre entreprise", a-t-il ajouté.
AIG a reçu au total plus de 180 milliards de dollars d'aides publiques au plus fort de la crise pour éviter une probable faillite. Il devait encore 95 milliards de dollars au gouvernement à la fin du troisième trimestre.
Il doit encore un peu moins de 50 milliards à la Fed.
AIG va utiliser 21 milliards de dollars environ provenant de la vente d'actifs, principalement celle de la filiale internationale Alico et de l'introduction en Bourse de la filiale asiatique AIA, pour rembourser une facilité de crédit.
Ce remboursement va se traduire par une charge d'environ 3,6 milliards de dollars au premier trimestre, qui était déjà attendue.
AIG va également utiliser les revenus de ventes d'actifs pour retirer une partie des intérêts de la Fed dans deux véhicules d'investissement dédiés (SPV) contenant les actions de MetLife issues de la vente d'Alico.
Enfin, AIG va tirer environ 20 milliards de dollars d'une facilité de crédit non utilisée dans le cadre du plan de sauvetage gouvernemental (TARP) pour racheter le reste des intérêts de la Fed de New York dans ces véhicules d'investissement, qui représentent 33% des actions ordinaires d'AIA.
Les actifs rachetés seront transmis au Trésor qui supprimera un montant équivalent d'actions préférentielles qu'il détient.
A l'issue de ces opérations de recapitalisation, les actions préférentielles du Trésor, des titres donnant droit au versement de dividendes élevés mais sans droit de vote, seront toutes converties en actions ordinaires d'AIG, et la part du Trésor dans AIG montera à 92%, comme prévu.
C'est la vente progressive de ces actions ordinaire qui doit permettre au gouvernement de sortir totalement du capital d'AIG à terme, à une date non précisée.