Alexandre de Juniac va succéder à Jean-Cyril Spinetta à la tête d'Air France-KLM dès le 1er juillet, avec pour mission de poursuivre le redressement du groupe aérien en difficultés dans un secteur particulièrement concurrentiel.
Agé de 50 ans, M. de Juniac, dauphin naturel, avait pris les commandes d'Air France en octobre 2011 après l'éviction du directeur général du groupe Pierre-Henri Gourgeon.
Il sera lui-même remplacé à la tête de la compagnie française par Frédéric Gagey, actuel directeur général délégué chargé des finances, a annoncé Jean-Cyril Spinetta, lors d'un point presse lundi.
M. Spinetta, qui fêtera ses 70 ans en octobre, a décidé de passer la main neuf mois avant l'échéance statutaire de ses fonctions pour répondre, selon lui, à une triple logique.
"Le travail qui nous a été confié en octobre 2011 --engager Air France-KLM sur la voie de redressement-- est pour l'essentiel rempli", a-t-il expliqué.
Il a en outre fait valoir qu'une nouvelle organisation du groupe, avec le regroupement des principaux postes stratégiques au sein de la holding, devrait être opérationnelle en juillet.
"Il est donc assez logique que la personne chargée de cette organisation démarre à cette date. Et la troisième raison est qu'il y avait un très bon candidat pour exercer ce rôle", a expliqué M. Spinetta.
Leo van Wijk, vice-président et directeur général délégué du groupe, quittera lui aussi ses fonctions le 1er juillet.
"On nous avait demandé de faire en sorte qu'au moment où nous passerions le témoin, le remplaçant ait une bonne connaissance du transport aérien et ait démontré sa capacité de gestionnaire de qualité et une véritable intelligence des relations sociales", a-t-il ajouté.
Alexandre de Juniac a "parfaitement" réussi dans cette mission. "Il n'y avait pas de raison d'attendre plus longtemps", a-t-il insisté.
Sur le choix de Frédéric Gagey, dirigeant quasi inconnu hors du groupe, le PDG sortant a estimé que sa nomination n'avait rien d'une surprise.
"Le patron du groupe Air France devait être pris en interne. (...) Frédéric Gagey a toujours fait partie de ces noms qui circulaient en interne dès l'été 2011. Sa carrière plaide pour lui. (...) Il a été pendant sept ans le numéro deux de KLM (...) Il a presque toujours été impliqué dans les négociations sociales", a-t-il argué.
Jean-Cyril Spinetta a par ailleurs indiqué qu'il quitterait ses fonctions d'administrateur. "Pour des raisons simples, il faut faire la place puisque le nombre d'administrateurs est limité à 15. Je quitte le conseil pour y être remplacé par Frédéric Gagey", a-t-il précisé.
En lui succédant, Alexandre de Juniac devra achever la mise en oeuvre du plan de redressement baptisé Transform 2015 lancé en janvier 2012 pour renouer avec compétitivité et rentabilité à l'horizon 2015.
Car le groupe, en particulier la compagnie Air France, souffre de l'offensive des compagnies à bas coûts sur le réseau moyen-courrier le plus déficitaire (800 millions de pertes en 2012) et la montée en puissance des compagnies asiatiques et du Golfe sur le long-courrier.
Ce plan doit notamment réduire la dette de la compagnie de deux milliards à fin 2014 par rapport à janvier 2012.
L'an passé, Air France-KLM a creusé sa perte nette à 1,2 milliard d'euros contre 809 millions en 2011 sous l'effet de la facture carburant et des charges liées à cette restructuration.
Mais signe de son redressement, il est parvenu à ramener sa perte d'exploitation à 300 millions d'euros contre 353 millions d'euros en 2011.
La dette nette, qui asphyxie le groupe, a quant à elle diminué de 540 millions passant sous les 6 milliards.
Sur le volet social, le groupe a refondé les accords des personnels pour parvenir à un gain d'efficacité économique de 20%.