Airbus a décroché lundi le plus gros contrat de l'histoire aéronautique, 234 A320 commandés par la compagnie indonésienne Lion Air pour 18,4 milliards d'euros, un succès salué par François Hollande qui a opportunément présidé à sa signature sous les ors de l'Elysée.
La commande ferme se décompose en 109 avions A320 Neo, future version moins gourmande en carburant du moyen-courrier vedette de l'avionneur européen, 65 avions A321 Neo et 60 avions A320, la version actuelle.
Le montant au prix catalogue établit un nouveau record, à 24,05 milliards de dollars (18,4 milliards d'euros). Ce prix est indicatif car les avionneurs offrent en général des rabais aux compagnies aériennes.
Pour mieux souligner l'importance de l'événement, la présidence de la République a organisé lundi matin une cérémonie de signature dans la salle des fêtes de l'Elysée, en présence du chef de l'Etat, des patrons des deux entreprises concernées ainsi que de plusieurs ministres et ambassadeurs.
Il s'agit "de la plus grosse commande jamais enregistrée par Airbus, aussi bien par son montant que par le nombre d'appareils concernés", s'est félicité le PDG de l'avionneur européen, Fabrice Brégier.
L'avionneur européen gagne aussi un nouveau client car Lion Air ne possédait jusqu'à présent que des Boeing.
La compagnie aérienne indonésienne à bas coûts, possédée par deux frères, détenait déjà le précédent record de la plus grosse commande jamais passée d'avions civils, avec l'achat en novembre 2011 de 230 moyen-courriers Boeing 737 pour 22,4 milliards de dollars (17 milliards d'euros).
"Nous écrivons aujourd'hui un chapitre de l'industrie aéronautique indonésienne", a assuré Rusdi Kirana, PDG et cofondateur de Lion Air, venu spécialement pour l'occasion.
Le président de la République a salué "un contrat historique par son ampleur, historique aussi par le lien entre une grande entreprise européenne et une grande entreprise asiatique. Il est historique parce qu'il ouvre des perspectives pour l'aéronautique mais également pour l'industrie entre nos deux continents".
"Ce sont des chiffres impressionnants qui honorent l'industrie européenne et témoignent aussi de la vitalité de l'industrie indonésienne", s'est encore félicité François Hollande, soulignant le "partenariat stratégique" entre les deux pays.
"Airbus, grâce à ce contrat, va pouvoir créer 5.000 emplois (en France) pendant 10 ans", s'est-il encore réjoui, soulignant qu'actuellement le carnet de commandes de l'avionneur européen "représente quatre années de production".
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a salué un "contrat du siècle". "Si l'Etat n'avait pas été présent pour aider et soutenir Airbus, nous n'aurions pas ce leader mondial qu'il est devenu", a-t-il fait valoir.
L'annonce intervient à point nommé pour le chef de l'Etat, en butte à des sondages en berne et à une multiplication de mauvaises nouvelles sur le front de l'emploi depuis plusieurs mois, avec un chômage qui a dépassé les 10% d'actifs en France métropolitaine.
Airbus, basé à Toulouse avec près de 11.500 salariés, est en effet l'une des rares entreprises qui recrutent de manière importante dans l'Hexagone. Son PDG avait indiqué en janvier que le constructeur d'avions allait embaucher au niveau mondial 3.000 personnes en 2013.
Son contrat de commandes a encore été gonflé la semaine dernière par une méga-commande auprès de Turkish Airlines, d'une valeur estimée à 9,3 milliards de dollars, et une autre de la compagnie aérienne allemande Lufthansa est dans les tuyaux.
Selon la présidence de la République, les avions Neo commandés par Lion Air doivent être livrés à partir de 2016 et les modèles classiques à partir de 2014.
Lion Air, créée en 1999, s'est déjà hissée au rang de première compagnie privée d'Indonésie. Elle dessert surtout son pays d'origine mais assure aussi des liaisons vers Singapour, la Malaisie, le Vietnam ou encore l'Arabie Saoudite. Et elle compte s'attaquer au géant régional du secteur, AirAsia, sur ses propres terres, en lançant une filiale à bas coûts en Malaisie.
A la Bourse de Paris, le titre EADS, maison mère d'Airbus, qui avait atteint son plus haut vendredi dernier, a terminé en baisse de 1,26% à 42,05 euros lundi, dans un marché en repli de 0,48%.