La société Airbus a finalement décidé de proposer une nouvelle motorisation plus économe en carburant sur l'A320, afin de donner un second souffle à son moyen-courrier à succès menacé par l'arrivée de nouveaux concurrents.
Après des mois d'hésitation, l'avionneur a annoncé officiellement mercredi qu'il allait proposer à partir du printemps 2016 un A320 "New Engine option" (NEO) avec la promesse d'une réduction de la consommation de carburant pouvant atteindre 15%.
Airbus et ses fournisseurs vont investir un peu plus d'un milliard d'euros sur ce projet, ce qui est peu comparé aux 10 milliards nécessaires pour lancer un avion entièrement nouveau.
Les technologies pour développer un successeur à l'A320 ne seront pas disponibles avant 2025 ou 2026, pense Airbus.
L'avionneur pense vendre au moins 4.000 NEO sur une période de 15 ans.
"Je pense que 2011 va être la grande année pour les commandes du NEO", a dit à l'AFP son directeur commercial, John Leahy.
"Nous avons reçu beaucoup de marques d'intérêt" de la part de compagnies qui envisagent des commandes, a-t-il dit, citant l'allemande Lufthansa, la malaisienne AirAsia, l'indienne IndiGo, mais aussi les géants américains du leasing ILFC et GE Capital Aviation Services (GCAS).
Les compagnies aériennes auront le choix entre des moteurs de dernière génération de CFM International - coentreprise entre le Français Safran et l'Américain General Electric - et de l'américain Pratt & Whitney.
"La nouvelle option de motorisation s'applique aux A321, A320 et A319, qui ne nécessiteront que des modifications mineures, notamment au niveau de la voilure et des mâts réacteurs", indique Airbus.
Les A320 NEO seront aussi dotés d'ailettes verticales à l'extrémité des ailes ("sharklets"), pour réduire la consommation en carburant.
L'avion re-motorisé sera cependant une simple option proposée aux compagnies, la version actuelle étant toujours disponible.
"Commercialement, c'est une bonne approche", juge Christophe Ménard, analyste chez Kepler Capital Markets.
L'A320 NEO sera vendu six millions de dollars plus cher que la version actuelle de l'appareil (prix actuel: 81 millions de dollars).
Avec plus de 6.700 appareils commandés et 4.400 livrés, l'A320 et ses dérivés sont le best-seller d'Airbus depuis sa mise en service en 1988 : ses commandes de vol électriques représentaient alors une révolution.
Mais le duopole d'Airbus et Boeing sur le marché lucratif des moyen-courriers est désormais contesté, avec l'arrivé prochaine des CSeries du canadien Bombardier, puis du C919 chinois.
Avant de lancer l'A320 NEO, Airbus voulait être certain de disposer des ressources en ingénierie nécessaires. Il doit en effet mener à bien ce nouveau projet de front avec les autres programmes : futur long-courrier A350, montée en cadence du très gros porteur A380 et vols d'essais de l'avion de transport militaire A400M.
La décision d'Airbus va désormais obliger Boeing à sortir du bois concernant l'avenir de son moyen-courrier 737, l'avion de ligne le plus vendu au monde.
Airbus "fragilise la position de Boeing qui, pour l'instant, ne montre aucun empressement à re-motoriser ses 737", jugent les analystes du CM-CIC.
Le constructeur américain n'a en effet pas encore décidé s'il allait lancer une version re-motorisée de son moyen-courrier ou un tout nouvel appareil.
"Nous prenons le temps nécessaire pour nous assurer que nous prenons la bonne décision pour nos clients", explique Boeing.