Le taux de chômage en Allemagne s'est maintenu à 6,9% en octobre, un chiffre corrigé des variations saisonnières (CVS) publié mercredi, signe d'une résistance persistante du marché du travail, que pourrait influer l'introduction d'un salaire minimum dans le pays.
Point négatif du rapport mensuel de l'Agence nationale pour l'emploi, si le taux de chômage est resté stable, le nombre de chômeurs a toutefois encore augmenté ce mois-ci, mais de seulement 2.000. C'est tout de même plus mauvais que ce qu'attendaient les analystes, qui tablaient plutôt sur un chiffre stable.
Le président de l'Agence Frank Weise parle d'une "reprise automnale" du marché de l'emploi, phénomène classique après la fin des vacances d'été, mais qui se montre toutefois plus "modérée" que d'habitude.
"L'économie allemande continue de créer des emplois, mais actuellement à un rythme ralenti et sans davantage réduire son chômage", résume Christian Schulz, économiste chez Berenberg, soulignant toutefois la hausse des intentions d'embauche et le nombre d'employés record depuis la Réunification de l'Allemagne.
Après des mois passés à 6,8%, le taux de chômage allemand avait négativement surpris en septembre, en montant à 6,9%, accompagné d'une hausse de 25.000 du nombre de chômeurs. Le marché du travail du pays reste néanmoins bien plus solide que dans le reste de l'Europe. Le taux de chômage de la zone euro évolue autour de 12%.
Economiste chez Natixis, Johannes Gareis, s'attend d'ailleurs à ce que le taux allemand demeure solide sur le reste de l'année.
En données brutes, jugées moins représentatives par les économistes mais qui font référence dans le débat public, le taux de chômage s'est établi en octobre à 6,5%, contre 6,6% en septembre, et le nombre de chômeurs a baissé de 48.000.
Carsten Brzeski, d'ING, souligne qu'à 2,8 millions de personnes, le nombre de chômeurs en Allemagne est à son plus bas niveau depuis novembre 2012.
"Le marché du travail allemand reste encore un important moteur de croissance", souligne-t-il, estimant que le taux de chômage allemand, évoluant à la marge depuis des mois, a "probablement atteint son niveau naturel".
Mais comme dans bien d'autres domaines, l'évolution du marché du travail pourrait être influencée par le programme du nouveau gouvernement, en cours de négociation entre les conservateurs d'Angela Merkel et les sociaux-démocrates. L'un des points délicats des discussions est l'établissement d'un salaire minimum national, actuellement inexistant en Allemagne, que la gauche veut fixer à 8,50 euros de l'heure.
Christian Schulz y voit le risque "d'un potentiel impact négatif sur certains secteurs".
"L'impact d'un tel salaire minimum sur le marché de l'emploi est controversé: ses opposants affirment que cela détruira des emplois, ses supporters assurent qu'ils combattent les inégalités sociales", résume pour sa part M. Brzeski.
Selon lui, un premier effet immédiat pourrait être non seulement une hausse des plus bas salaires, mais aussi de ceux actuellement légèrement au-dessus de 8,50 euros, ce qui "pourrait temporairement augmenter le pouvoir d'achats des ménages".
Mais "pour continuer l'actuel miracle du marché du travail ou en commencer un nouveau, un salaire minimum devrait être associé à des mesures additionnelles pour créer de nouveaux emplois", ajoute l'analyste.