L'excédent commercial allemand a de nouveau reculé en mai, et de manière plus forte qu'attendu, lesté par les exportations qui ont enregistré leur plus fort repli sur un mois depuis fin 2011, a indiqué lundi l'Office fédéral des statistiques.
En données brutes, la première économie européenne a enregistré en mai un excédent commercial de 13,1 milliards d'euros, contre 18 milliards en avril, un chiffre légèrement révisé en baisse. C'est bien plus faible que les 17,6 milliards d'euros sur lesquels tablaient en moyenne les économistes interrogés par Dow Jones Newswires.
"Après un bon début de deuxième trimestre, les données du mois de mai sont plutôt décevantes", a estimé dans une note Carsten Brzeski, chef économiste de la banque ING.
En données corrigées des variations saisonnières, la tendance est semblable puisque l'excédent commercial baisse à 14,1 milliards d'euros en mai, contre 17,5 milliards le mois précédent.
En mai, les exportations allemandes, important moteur de l'économie du pays, ont reculé à 88,2 milliards d'euros, contre 94,3 milliards le mois précédent. En données corrigées des variations saisonnières, elles ont reculé de 2,4% à 90,4 milliards d'euros, soit leur plus fort repli depuis décembre 2011, notait Carsten Brzeski.
Selon lui, ces chiffres "illustrent le fait que l'économie (allemande) a encore des difficultés pour passer à la vitesse supérieure".
Les importations ont aussi baissé mais dans une proportion moindre puisqu'elles sont passées de 76,4 milliards d'euros en avril à 75,2 milliards en mai. Corrigées des variations saisonnières, elles ont signé une petite hausse de 1,7% à 76,3 milliards.
Sur un an, les exportations ont reculé en données brutes de 4,8% et les importations de 2,6%.
Toujours en données brutes, l'Allemagne continue d'exporter majoritairement à destination de l'Europe, avec 50 milliards d'euros d'exportations dans le Vieux continent. Mais la situation économique toujours difficile en zone euro continue de plomber le commerce extérieur allemand, puisque, sur un an, les exportations à destination de la zone euro ont fondu de 9,6% à 32,3 milliards d'euros, alors que celles vers les autres pays européens ont limité leur baisse à 2,4%.
Hors Europe, les exportations ont diminué de 1,6% sur un an, à 38,2 milliards d'euros.
Ces données "mettent en lumière les tendances auxquelles l'Allemagne fait face actuellement. La demande intérieure robuste soutient les importations, tandis que la faiblesse de plusieurs marchés" étrangers pèse sur les exportations, a souligné Christian Schulz, économiste chez Berenberg.
Au premier rang de ces marchés, le ralentissement de l'économie chinoise a pesé de façon notable sur le niveau des exportations, remarquait notamment Carsten Brzeski.
En outre, elles ont sans doute également fait les frais d'effets d'un calendrier défavorable, le mois de mai comportant cette année un nombre de jours de travail moins élevé que d'habitude, ajoutait cet analyste.
"De récents baromètres laissaient entrevoir une certaine stabilisation dans l'activité commerciale en zone euro mais les chiffres d'aujourd'hui ne montrent pas de nouvelle amélioration de la situation de l'économie de la zone euro, qui reste extrêmement molle, tandis que la demande en provenance d'Asie ne semble pas s'être accélérée", a commenté Annalisa Piazza, analyste chez Newedge.