Les commandes à l'industrie allemande ont fortement déçu en mai, reculant pour le deuxième mois d'affilée alors que les analystes misaient sur un rebond, signe que la première économie européenne peine encore à se redresser.
En mai, ces commandes ont reculé de 1,3% sur un mois, d'après des données corrigées des variations saisonnières (CVS) publiées vendredi par le ministère de l'Economie. Un résultat très inférieur aux attentes du consensus d'analystes compilé par l'agence Dow Jones Newswires qui misait au contraire sur une hausse de 1,2%.
Elles avaient déjà chuté de 2,2% en avril, selon un chiffre légèrement corrigé par rapport à l'annonce initiale de -2,3%, mettant ainsi fin à de solides progressions lors des mois précédents.
"Les entrées de commandes allemandes déçoivent massivement", soulignait dans une note Heinrich Bayer, analyste de Postbank.
Selon lui, "après une accélération notable constatée au cours du premier trimestre, les commandes sont à nouveau retombées à un niveau faible" proche de celui de la fin d'année 2012.
Sur deux mois, avril et mai, par rapport à février-mars, le volume des commandes a également cédé 1,6%.
Certains analystes appelaient toutefois à manipuler ces chiffres avec prudence: "Cette année, le mois de mai a comporté un nombre inhabituel de jours fériés et de vacances, qui ont peut-être en partie brouillé le tableau", estimait notamment Carsten Brzeski de la banque ING.
Pour autant, "ces commandes illustrent le fait que l'industrie allemande éprouve des difficultés à retrouver la pleine forme", poursuivait-il.
De son côté, le ministère de l'Economie s'est voulu rassurant, soulignant que "l'évolution des commandes dans l'industrie s'est montrée très volatile ces derniers mois" du fait notamment des grosses commandes qui entraînent traditionnellement de fortes fluctuations de cet indicateur.
En ne tenant pas compte des gros contrats, "les entrées de commandes sont toujours orientées à la hausse, bien que moins fortement qu'auparavant. La tendance de fond (...) reste positive et devrait rester un soutien de la conjoncture industrielle", a-t-il assuré.
Dans le détail, en mai, les commandes industrielles en provenance d'Allemagne ont d'avantage reculé (-2%) que celles en provenance de l'étranger (-0,7%).
Si les commandes en dehors de la zone euro ont grappillé 1,1%, celles en provenance de la zone ont lourdement chuté de 3,9%, signe que la région "est encore loin de montrer des signes de redressement", pointait Annalisa Piazza, économiste chez Newedge Strategy.
En outre, la baisse de la demande a concerné tous les secteurs. Les fabricants de biens de consommation ont été les plus touchés avec une baisse des commandes de 3,1%. Ce repli a atteint 1,8% pour les biens d'investissement et 0,1% pour les biens intermédiaires.
"Si la +résistante+ économie allemande échoue à montrer des signes d'amélioration, nous excluons que la contraction du Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro prenne fin prochainement", ajoutait Annalisa Piazza.