par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - Les créations d'emploi aux Etats-Unis ont rebondi en avril et le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis près de sept ans, des chiffres qui suggèrent une reprise de l'économie américaine après un premier trimestre poussif et relancent la perspective de voir la Réserve fédérale relever ses taux d'intérêt avant la fin de l'année.
Le nombre de créations d'emploi dans le secteur non-agricole s'est élevé à 223.000 le mois dernier après 85.000 en mars, chiffre révisé à la baisse, selon les données publiés vendredi par le département du Travail.
Le taux de chômage a baissé pour sa part de 0,1 point de pourcentage à 5,4%, son plus bas niveau depuis mai 2008.
Les économistes interrogés par Reuters avaient prédit pour le mois d'avril 224.000 créations d'emploi et un taux de chômage à 5,4%.
Les futures sur indices new-yorkais ont accentué leurs gains à l'annonce de cet indicateur très attendu par les marchés, qui est traditionnellement publié une heure avant l'ouverture de Wall Street.
La Bourse de New York a ensuite ouvert en hausse de 0,62%. Les trois indices de référence ont rapidement accentué leur progression et vers 14h00 GMT, le Dow Jones, le S&P-500 et le Nasdaq gagnaient tous plus de 1%.
Déjà orientées à la hausse en raison notamment de la clarté inattendue de la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques, les Bourses européennes ont également accentué leurs gains avec plus de 2% de hausse pour le CAC 40 parisien.
Après la publication des chiffres de l'emploi, le dollar a par ailleurs effacé ses pertes pour progresser face à un panier de devises de référence et les prix des Treasuries ont augmenté.
LE SALAIRE HORAIRE AUGMENTE UN PEU
La Fed devrait maintenir pour encore quelques mois ses taux à leurs niveaux actuels, historiquement bas, en raison de facteurs défavorables comme la vigueur du dollar et la réduction des dépenses dans le secteur de l'énergie.
Sur le front de l'emploi, toutefois, la situation s'éclaircit.
A 5,4%, le taux de chômage est désormais tout proche de la fourchette de 5,0% à 5,2% que de nombreux responsables de la Fed considèrent comme correspondant à un taux de plein emploi.
Le salaire horaire moyen a par ailleurs augmenté faiblement en avril, de trois cents, ce qui porte sa progression sur un an à 2,2%.
Bien que toujours limitée, la hausse des salaires devrait stimuler la consommation des ménages et ainsi profiter à l'ensemble de économie.
Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a augmenté de 0,2% seulement en rythme annualisé au premier trimestre, selon une première estimation publiée le mois dernier.
Certains indicateurs publiés depuis suggèrent cependant que le chiffre officiel pourrait indiquer une contraction de la première économie du monde sur les trois premiers mois de l'année.
Dans ce contexte, l'hypothèse d'un relèvement des taux dès le milieu de l'année, un temps évoquée sur les marchés, paraît hautement improbable, estime Paul Ashworth, de Capital Economics.
"Nous pourrions voir une nouvelle accélération de la croissance de l'emploi en entrant dans l'été mais il ne s'agit pas du genre de rebond sans équivoque qui donnerait à la Fed la confiance nécessaire pour commencer à resserrer sa politique monétaire dès le Jour de l'Indépendance", soit le 4 juillet, a-t-il dit.
(Patrick Vignal pour le service français)