Uber, leader mondial des voitures de transport avec chauffeur (VTC), a annoncé lundi son arrivée à Marseille, Strasbourg et Nantes, affirmant poursuivre "sereinement" son développement en France malgré les controverses et ennuis judiciaires.
Le géant californien, qui capitalise sur sa populaire application mobile mettant en relation passagers et chauffeurs, a en outre décidé d'aborder ces trois nouveaux marchés avec son service à prix cassés UberPOP, controversé car les conducteurs ne sont pas des professionnels mais de simples particuliers.
UberPOP a valu à Uber une condamnation à 100.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris fin 2014. La société a fait appel. Le préfet du Nord l'a interdit fin mai pour "concurrence déloyale" vis-à-vis des VTC et taxis, une profession ulcérée par le développement de cette activité.
La Cour de cassation examine en outre une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur ce sujet mais ne l'a pas encore transmise au Conseil constitutionnel.
Dans ces trois villes, "on a décidé de lancer uniquement UberPOP qui met en relation des particuliers, évidemment ce n'est que le début, et souvent UberPOP est une belle voie vers la professionnalisation" des chauffeurs, a affirmé à l'AFP Alexandre Molla, directeur général expansion d'Uber France.
Selon lui, "une offre VTC devrait suivre dans les semaines ou les mois qui arrivent". La loi impose aux chauffeurs VTC de suivre une formation de 250 heures.
Ces lancements, alors qu'Uber était déjà disponible à Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice, montrent que l'"on poursuit sereinement notre croissance en France sur un marché qui a un énorme appétit pour notre produit", a avancé M. Molla.
Selon lui, "à Marseille, c'est quasiment 100.000 personnes qui avaient ouvert l'application ces derniers mois" sans pouvoir bénéficier du service. "Nantes, c'est 12.000 et Strasbourg, c'est 8.000".
En France, Uber - valorisé à quelque 50 milliards de dollars selon la presse américaine - revendique plus d'un million d'"utilisateurs réguliers" pour son application, dont 400.000 qui recourent à UberPOP.
A la suite de l'annonce de l'expansion d'Uber lundi, une trentaine de chauffeurs de taxis ont pénétré en milieu de journée dans un hôtel de Nantes où la société avait prévu d'organiser une opération de recrutement, a constaté une journaliste de l'AFP.
"UberPOP = travail dissimulé", pouvait-on lire sur des tracts collés par les chauffeurs sur leurs voitures. Les taxis ont demandé au préfet de Loire-Atlantique de prendre un arrêté d'interdiction des activités d'Uber à Nantes, et une délégation devait être reçue à 14H00 en préfecture.
A Strasbourg, les chauffeurs de taxis ont appris par les médias l'arrivée d'Uber et n'ont pas eu le temps de se concerter sur des actions de protestation.