par Adrian Croft
LUXEMBOURG (Reuters) - Les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Luxembourg ont entériné lundi le lancement d'une mission navale destinée à combattre les réseaux de passeurs en mer Méditerranée, a annoncé un responsable de l'UE.
Cette mission, qui ne s'appuie pas sur une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu, sera limitée à la collecte de renseignements dans l'attente d'une approbation onusienne.
L'initiative s'inscrit dans le cadre de la réponse de l'UE à la crise des migrants, dont plusieurs centaines ont péri en mer depuis le début de l'année en tentant de rallier les côtes européennes, notamment italiennes.
"L'opération est lancée aujourd'hui", a déclaré Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne. "Je tiens à être très claire: les migrants n'en sont pas la cible. Les cibles sont ceux qui se font de l'argent au prix de leur vie et souvent de leur mort. Cela fait partie de nos efforts pour sauver des vies", a-t-elle ajouté.
La mission, telle qu'envisagée au départ par les dirigeants européens, devait servir à lutter contre l'activité des passeurs mais également à saisir et détruire les embarcations qu'ils utilisent, si possible en intervenant dans les eaux territoriales libyennes.
Pour mettre en oeuvre ce volet de la mission, l'UE doit obtenir un feu vert du Conseil de sécurité de l'Onu ainsi que l'approbation des autorités libyennes.
Ces deux conditions n'étant pas remplies pour l'instant, les Européens doivent limiter leur intervention à l'envoi de navires et de patrouilles aériennes pour surveiller les eaux internationales et collecter des renseignements sur les passeurs.
La France et la Grande-Bretagne, membres permanents du Conseil de sécurité, et la Lituanie et l'Espagne, qui y siègent actuellement, ont rédigé un projet de résolution qui se réfère au chapitre 7 de la Charte des Nations unies autorisant le recours à la force.
Le texte demeure pour l'instant à l'état de projet, sa présentation dépendant de l'accord des autorités libyennes à une intervention extérieure dans leurs eaux territoriales. L'obtention de cet accord est ralentie par le chaos politique qui règne en Libye où siègent un gouvernement reconnu par la communauté internationale et un gouvernement auto-proclamé à Tripoli.
Les ministres des Vingt-Huit ont parallèlement prolongé de six mois, jusqu'à la fin janvier 2016, les sanctions économiques imposées à la Russie en raison de son implication dans la crise en Ukraine.
(Adrian Croft; Henri-Pierre André et Pierre Sérisier pour le service français)