par Chuck Mikolajczak
NEW YORK (Reuters) - Wall Street a chuté lourdement vendredi dans le sillage d'un indicateur manufacturier chinois alimentant la crainte d'un ralentissement de l'économie mondiale.
Les trois indices de référence ont perdu plus de 3%, le Dow Jones entrant officiellement en correction avec un recul de 10,1% par rapport à son pic du 19 mai et le Standard & Poor's 500 subissant son plus fort recul en pourcentage sur une séance depuis novembre 2011.
Le Dow Jones a perdu 530,94 points, soit 3,12%, à 16.459,75 points. Le Standard & Poor's 500, plus large, a reculé de 64,84 points (3,19%) à 1.970,89 points, passant sous la barre des 2.000 points pour la première fois depuis le 2 février. Le Nasdaq Composite a cédé 171,45 points (3,52%) à 4.706,04 points.
Sur l'ensemble de la semaine, le S&P perd 5,8%, sa plus forte baisse hebdomadaire depuis septembre 2011. Le Dow Jones cède lui aussi 5,8% et le Nasdaq abandonne 6,8%.
Tous les indices sectoriels ont fini dans le rouge, celui des valeurs de l'énergie perdant 3,48% avec la baisse des cours du brut léger américain, passé en séance sur le Nymex sous les 40 dollars le baril pour la première fois depuis 2009.
Signe de la nervosité du marché, l'indice de volatilité du CBOE a bondi de 48,3% 28,38, au plus haut depuis octobre.
Dernier en date d'une série d'indicateurs macroéconomiques décevants, l'indice PMI manufacturier "flash" publié vendredi suggère que l'activité manufacturière en Chine a connu en août sa plus forte contraction depuis la crise financière et conforte les craintes d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise.
Cette annonce a fait chuter à travers le monde des marchés qui avaient déjà accusé le coup de l'effondrement des Bourses chinoises au début de l'été puis de la dévaluation surprise du yuan, le 11 août dernier.
APPLE PERD PLUS DE 6%
"Je pense que cette volatilité devrait persister au moins jusqu'à la fin de l'année", observe Nigel Green, directeur général de deVere Group.
"Pour la plupart des investisseurs à long terme, les craintes d'une apocalypse financière à courte échéance sont exagérées", ajoute-t-il toutefois.
Aux valeurs, Apple (NASDAQ:AAPL), pénalisé par son exposition à la Chine, a accentué ses pertes des derniers jours et cédé 6,12%.
Le secteur des médias continue de souffrir, à l'image de Netflix, qui perd 7,58%.
Les ténors de la cote n'ont pas été les seuls à passer une mauvaise journée. L'indice Russell 2000 des "small caps" est lui aussi officiellement en correction avec un recul de 10% par rapport à son pic du 23 juin.
La Bourse de New York avait déjà perdu plus de 2% jeudi, passant en territoire négatif sur l'année 2015.
Les craintes d'une contagion mondiale du ralentissement chinois et une inflation aux Etats-Unis jugée trop basse conduisent certains investisseurs à parier contre un relèvement des taux d'intérêt par la Réserve fédérale dès le mois prochain.
Sur le marché des changes, les nouvelles venues de Chine et le recul de la probabilité d'une hausse des taux dès le mois de septembre ont fait souffrir le dollar. L'euro a ainsi progressé de plus de 1% face au billet vert avant de fléchir un peu.
Sur le front obligataire, les Treasuries ont joué leur rôle de valeur sûre face aux turbulences des actions, le rendement du papier à 10 ans tombant à 2,06% contre 2,08% jeudi soir et 2,20% il y a une semaine.
(Patrick Vignal pour le service français)