Le Premier ministre François Fillon a retrouvé jeudi à Moscou son homologue Vladimir Poutine lors de négociations bilatérales à travers lesquelles la France compte marquer des points sur le terrain économique en espérant profiter de la reprise de la croissance russe.
Dans un entretien paru mercredi dans la presse russe, M. Fillon, qui était accompagné de six membres du gouvernement, avait dit que de "nombreux contrats" seraient signés lors de la visite.
A ce stade, ce sont essentiellement des protocoles d'accords qui ont été paraphés sans estimation chiffrée des retombées attendues communiquée par les entreprises françaises.
"Beaucoup ont rêvé d'une Europe qui irait de l'Atlantique à l'Oural, ils en ont rêvé mais nous, nous sommes en train de la faire", a dit M. Fillon au début de sa rencontre avec M. Poutine, avant un séminaire intergouvernemental bilatéral organisé annuellement entre les deux pays.
Il a souligné "l'excellence des relations entre les deux pays", quelques jours après les révélations de notes diplomatiques américaines par le site WikiLeaks qui ont montré que la confiance n'était pas absolue dans les capitales occidentales, notamment à Paris, à l'égard de Moscou.
A ce propos, M. Fillon a qualifié de "vol et recel de vol" les télégrammes diplomatiques rendus publics par WikiLeaks, deux délits "condamnables".
Outre les domaines de l'énergie, de l'aéronautique et de la construction navale, M. Fillon a souhaité que s'ouvre "une nouvelle coopération" dans trois autres champs : l'agriculture, la santé et les affaires familiales, après des dossiers très médiatisés de divorces de couples bi-nationaux.
"Malgré les difficultés de l'année précédente, nous avons réussi à surmonter les problèmes de la crise financière internationale et atteindre le niveau des échanges commerciaux de 2008", a de son côté déclaré M. Poutine.
La Russie, "partenaire stratégique" de la France selon M. Fillon, s'attend à une croissance largement positive en 2010 après une forte récession en 2009 due à la crise.
Le groupe français Alstom a notamment conclu avec RusHydro, leader russe de l'énergie hydraulique, un protocole d'accord sur la rénovation de barrages dans le Caucase, et l'équipementier aéronautique Safran-Sagem s'est allié avec l'agence russe d'exportations d'armes Rosoboronexport dans le domaine des systèmes de navigation pour l'aviation et la marine.
La question de la vente à la Russie de puissants navire de guerre français, de type Mistral, d'un coût unitaire d'environ 500 millions d'euros, reste pour sa part en suspens, avant l'annonce par Moscou du résultat d'un appel d'offres international.
La France est prête à transférer des technologies à la Russie si elle remporte l'appel d'offres russe, a affirmé M. Fillon qui a ajouté que Moscou et Paris "discutaient des prix". "Vladimir Poutine n'est pas l'interlocuteur le plus facile sur cette question", a-t-il dit.
Arrivé avec trois heures de retard mercredi soir en raison des chutes de neige en France, le Premier ministre avait été auparavant reçu au Kremlin, plaisantant sur les intempéries avec le président Dmitri Medvedev.
"Enfin le temps est le même à Paris qu'à Moscou, il neige fort ici comme là-bas", a ironisé M. Medvedev, accueillant François Fillon au Kremlin.
"Non, c'est pire à Paris, j'ai dû attendre trois heures avant de décoller", a répondu M. Fillon, arrivé trop tard mercredi soir pour assister comme prévu à une représentation de ballet franco-russe au Bolchoï qui devait clôturer l'année croisée France-Russie.