par Jeffrey Heller
JERUSALEM (Reuters) - La police paramilitaire israélienne a abattu lundi un jeune Palestinien à l'une des entrées de la Vieille Ville de Jérusalem, affirmant qu'il avait voulu poignarder un policier en patrouille.
Un passant palestinien a contesté cette version. Selon lui, les policiers ont apostrophé l'homme puis ont ouvert le feu sur lui quatre fois. "Je n'ai pas vu de couteau", a dit à Reuters Houssam Wshah, 66 ans.
Quatre Israéliens et 25 Palestiniens ont péri en treize jours de violences provoquées en partie par les interrogations sur l'avenir du statut de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Les attaques à l'arme blanche contre des Israéliens, qui sont quasi quotidiennes, font craindre une troisième intifada (soulèvement) après celles qui ont éclaté en 1987 et en 2000.
Les affrontements à Jérusalem se sont étendus à plusieurs villes israéliennes, à la Cisjordanie et à la frontière entre l'Etat hébreu et la bande de Gaza.
Un porte-parole de la police israélienne a déclaré que l'homme qui a été tué lundi matin avait été arrêté à la porte des Lions, sur la façade est de la muraille de la Vieille Ville, pour un contrôle d'identité.
"Le policier lui a demandé de sortir les mains de ses poches mais le terroriste s'est approché de lui avec un couteau et l'a frappé sur son gilet de protection", a ajouté le porte-parole. "Le policier n'a pas été blessé. Ses collègues ont ouvert le feu et ont tué l'agresseur."
Une vidéo a été diffusée qui montre le corps du Palestinien gisant sur le sol, près d'un couteau.
LÉGISLATION RENFORCÉE
Mais selon Houssam Wshah, qui habite à Jérusalem-Est et se trouvait à quelques mètres de la porte des Lions, "le jeune homme était en train de marcher quand il a été apostrophé par les policiers". "Il ne les a peut-être pas entendus et ils ont tiré sur lui quatre fois. Il s'est effondré sur le sol."
Dimanche soir, un Arabe israélien a poignardé quatre personnes à un arrêt de bus près de la ville de Hadera, dans le nord d'Israël. Les quatre blessés, dont une femme dans un état sérieux, ont été hospitalisés. L'agresseur a été arrêté.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a durci dimanche l'arsenal répressif, approuvant une peine-plancher de quatre ans de prison pour les Palestiniens lanceurs de cocktails Molotov ou de pierres.
"Nous faisons cela au titre de mesure temporaire d'urgence dont nous pourrons examiner la mise en oeuvre. Et si cela est nécessaire, nous durcirons davantage encore la loi", a prévenu le Premier ministre israélien dans un communiqué.
Outre la poursuite de la colonisation juive dans les territoires occupés, la colère palestinienne trouve son origine dans la crainte que les visites régulièrement organisées par des groupes juifs, y compris par des élus, sur l'esplanade des Mosquées finissent par remettre en cause le statut de l'endroit.
Lieu saint de l'islam et du judaïsme, le site est administré par les autorités religieuses jordaniennes. Les juifs, qui l'appellent Mont du Temple, peuvent s'y rendre mais n'ont pas le droit d'y prier, ce que certains contestent.
En 2000, Ariel Sharon, à l'époque chef de l'opposition israélienne, s'était rendu sur l'esplanade des Mosquées, suscitant la colère des Palestiniens qui avaient lancé la deuxième intifada. Pendant cinq années d'affrontements, 3.000 Palestiniens et un millier d'Israéliens avaient été tués.
(Avec Dan Williams à Jérusalem, Ali Sawafta à Ramallah et Nidal al-Mughrabi à Gaza; Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)