Le gouvernement allemand a légèrement abaissé mercredi sa prévision de croissance du PIB allemand cette année, à 1,7%, sur fond d'horizon qui s'assombrit dans les émergents, mais table sur un effet positif de l'arrivée des réfugiés l'an prochain.
La précédente prévision pour 2015, qui datait d'avril, était d'un Produit intérieur brut en hausse de 1,8%. Pour 2016 le pronostic est inchangé par rapport à avril, à +1,8%.
Les milliards d'euros déboursés par les pouvoirs publics allemands pour accueillir des centaines de milliers de migrants "font un peu l'effet d'un petit plan de conjoncture", a expliqué lors d'un point de presse le ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel, "mais cela se ressentira plutôt en 2016".
L'Allemagne attend au moins 800.000 nouveaux demandeurs d'asile cette année qu'il faut loger et prendre en charge, et, pour ceux qui obtiendront le statut de réfugiés, scolariser, former et intégrer, soit autant d'investissements à réaliser et de perspectives de bonnes affaires pour le BTP et les services.
Pour 2015, "nous sommes un petit peu plus prudents", a reconnu M. Gabriel, car "nous pensons que la situation difficile dans certains grands pays émergents et en Chine aura aussi pour conséquence une évolution un peu moins favorable chez nous".
L'Allemagne, qui exporte pour plus de 100 milliards d'euros par mois vers l'étranger, est en première ligne pour pâtir du tassement de la croissance en Chine, en Russie et au Brésil. Plusieurs indicateurs récents ont d'ailleurs nourri les inquiétudes à ce sujet.
Mais les perspectives plus réjouissantes en zone euro et aux Etats-Unis contrebalancent ces préoccupations. Et l'évolution toujours soutenue des dépenses de consommation reste "le pilier central" de la croissance allemande, a estimé M. Gabriel, soulignant la vigueur persistante du marché du travail.
L'Allemagne connait depuis des mois son chômage le plus faible depuis la Réunification en 1990 (6,4% en septembre) et le ministère de l'Economie attend un nouveau recul du nombre de chômeurs cette année.
L'an prochain en revanche, les statistiques du chômage devraient porter la marque de l'arrivée des réfugiés, avec une hausse du nombre de chômeurs. Le nombre de personnes en activité augmentera toutefois lui aussi, a expliqué M. Gabriel, "il y aura les deux effets".
De manière générale, les arrivées massives de réfugiés constitueront "le gros défi" de la première économie européenne dans les mois à venir, a affirmé le ministre social-démocrate, numéro deux du gouvernement d'Angela Merkel.