par Michelle Nichols et John Irish
NATIONS UNIES (Reuters) - Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies sont tombés d'accord sur un projet de résolution prévoyant notamment un cessez-le-feu et la mise en place d'un gouvernement de transition en Syrie, a-t-on appris de sources diplomatiques.
Le texte, qui a fait l'objet d'intenses tractations, devrait être adopté d'ici la fin de la journée de vendredi, a-t-on ajouté de mêmes sources.
Le projet de résolution de quatre pages, que Reuters a pu se procurer, demande à l'Onu de préparer un mécanisme de supervision du cessez-le-feu dans un délai d'un mois après l'adoption du texte par le Conseil de sécurité, et d'organiser début janvier des négociations formelles entre le gouvernement de Damas et l'opposition.
Le cessez-le-feu pourra entrer en vigueur "dès que les représentants du gouvernement syrien et de l'opposition auront fait les premiers pas en direction d'une transition politique sous l'égide de l'Onu", dit le texte.
Le projet de résolution prévoit par la suite la mise en place d'un gouvernement de transition et l'organisation d'élections, précisant qu'il revient au peuple syrien "de décider de l'avenir de la Syrie" -- un point sur lequel la Russie a insisté face aux pays occidentaux et arabes qui demandent le départ de Bachar al Assad dès le début du processus de transition.
Parallèlement aux tractations à l'Onu, les pays du Groupe de soutien international à la Syrie (ISSG) ont engagé une nouvelle réunion, la troisième depuis le lancement fin octobre de cette initiative diplomatique qui intègre l'Iran pour la première fois depuis le début du conflit syrien, en mars 2011.
Les chefs de la diplomatie des 17 pays qui le composent, dont la Russie, les Etats-Unis, la France, la Turquie, l'Arabie saoudite et, donc, l'Iran, se sont retrouvés au Palace Hotel de New York.
Ils doivent affiner la feuille de route pour la paix en Syrie qu'ils ont définie lors des deux premières conférences internationales, les 30 octobre et 14 novembre à Vienne, et que la résolution du Conseil de sécurité va venir appuyer.
LE SORT D'ASSAD EN SUSPENS
La feuille de route prévoit le lancement en janvier de négociations entre Damas et l'opposition syrienne pour la constitution d'un gouvernement d'union nationale et d'éventuelles élections, ainsi qu'un cessez-le-feu dans toute la Syrie, qui ne s'appliquerait pas à l'Etat islamique, au Front al Nosra et à d'autres groupes armés.
Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré que l'un des objectifs de la réunion de New York était de clarifier le calendrier des négociations entre le gouvernement et l'opposition.
Parmi les autres sujets à l'ordre du jour, figurent la création du mécanisme de surveillance d'un futur cessez-le-feu et la composition de l'équipe de négociateurs qui représentera l'opposition syrienne aux pourparlers.
Une conférence réunissant des opposants syriens la semaine dernière en Arabie saoudite a abouti à la désignation d'un "secrétariat" de 34 membres qui s'est lui-même choisi comme coordinateur en vue des négociations l'ancien Premier ministre Riad Hidjab.
Ce dernier a déclaré vendredi que l'opposition n'accepterait pas que Bachar al Assad reste au pouvoir pendant la phase de transition. "Nous irons à ces négociations sur ce principe, nous n'engagerons pas de discussions sur autre chose. Il n'y aura pas de concessions", a-t-il dit à la presse.
Lors de sa conférence de presse de fin d'année, Barack Obama a répété lui aussi vendredi que la Syrie ne pourrait retrouver la stabilité tant que Bachar al Assad serait au pouvoir.
"Je pense qu'Assad devra partir pour que le sang cesse de couler dans le pays et que toutes les parties puissent avancer sur la voie d'une solution non confessionnelle. Il a perdu toute légitimité", a dit le président américain, tout en admettant que les intérêts de Moscou et Téhéran, principaux soutiens du président syrien, devaient être "garantis".
De sources diplomatiques, on dit que la Russie a fait savoir qu'elle ne s'opposerait pas à un éventuel départ du chef de l'Etat syrien à la fin de cette période de transition, même si elle ne l'admettra pas publiquement.
(avec Sabine Diebold et Arshad Mohammed à New York et Nael Shyoukhi à Ryad, Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün pour le service français)