Confrontés à une chute de la demande, les tour-opérateurs ont limité la casse pour la saison d'hiver, en multipliant les promotions et en réduisant leurs capacités, mais les réservations pour l'été sont en berne.
"C'est la guerre des nerfs. Les tour-opérateurs renégocient en permanence les prix avec les hôteliers" et autres fournisseurs. "Il n'y a aucune visibilité", a commenté mercredi René-Marc Chikli, président de l'Association de tour-opérateurs français (Ceto).
Les réservations des Français pour des voyages à forfait (séjours avec vols) pour l'été ont baissé de 11,8% en cumulé en avril et mai, comparé à la même période de 2008, selon les chiffres publiés par le Ceto.
Quant à l'hiver, les voyagistes "ont résisté mieux que d'autres secteurs et ont su s'adapter à la crise. Alors qu'on s'attendait à -15%, on est à -7%", a commenté devant la presse M. Chikli.
De novembre à avril, le trafic des voyages à forfait a chuté de 7,9% en nombre de clients (1,82 million), et les recettes ont baissé de 6,2%, à 1,87 milliard d'euros.
Dès les premiers signes de la crise en septembre dernier, les tour-opérateurs ont commencé à réduire leurs capacités (chambres d'hôtel et places d'avion).
Face à l'aggravation de la crise en février -- les voyages long-courrier ont chuté de 17,8% --, ils sont allés plus loin en cassant les prix.
"Les prix ont baissé de 10, 20, voire 30%, c'est une excellente opportunité pour le consommateur", a fait valoir M. Chikli. Mais, s'il reste des disponibilités en juillet, "il est plus difficile de trouver des places en août".
Une politique qui a commencé à porter ses fruits: la République dominicaine, "qui a divisé ses prix par deux", a vu ses réservations s'envoler de 38,1% entre février et mai. Elle a aussi profité de la désaffection pour les Antilles, pénalisées par le mouvement de grève du début d'année.
Malgré la baisse des prix, les réservations pour les Antilles ont continué à chuter (-89,2%) en avril-mai, tout comme pour le Mexique, sinistré par la grippe porcine (-90,9%) et la Thaïlande (-40,4%), théâtre de manifestations à répétition.
Les offres alléchantes ne manquent pas: "partez plus loin que votre banquier ne peut l'imaginer", suggère ainsi une campagne de Nouvelles Frontières, qui propose des "réductions à deux chiffres" pour le Sénégal, Madagascar ou Cuba.
Le Club Med a lancé une promotion "vol à un euro pour la deuxième personne" pour certaines destinations et affiche des "offres de dernière minute" (jusqu'à -40%) pour la Tunisie, la Grèce ou la Turquie.
Si les voyagistes arrivent à éviter une chute brutale des volumes, le chiffre d'affaires en prend un coup: les départs en voyages à forfait en mai ont ainsi baissé de 2% en nombre de clients, mais de 8,3% en recettes.
La crise a surtout frappé les destinations long-courrier, avec une baisse des réservations de 23,5% des réservations en avril et mai, alors que le moyen-courrier est en recul de 10,2%.
Un phénomène qui ne concerne toutefois pas l'ensemble des voyagistes. Chez Voyageurs du Monde, "le moyen-courrier cartonne par rapport au long-courrier", indique son PDG Jean-François Rial, qui a "du mal à y voir clair sur le marché".
La destination France n'a pas été épargnée, avec un recul des réservations de 7,1% en avril et mai.
Mais là aussi, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne: le PDG de l'opérateur de résidences de tourisme Lagrange, Pierre Olivier Toumieux, s'est dit "très confiant pour l'été", avec un mois de septembre "quasiment plein".