PARIS (Reuters) - Le secrétaire général de Force ouvrière a reproché vendredi à la CGT une "opération prématurée" s'agissant de l'enquête sur les émissions polluantes de Renault (PA:RENA), l'accusant d'avoir jeté "en pâture des éléments (...) pas encore complètement fondés".
L'action du groupe automobile a perdu jusqu'à près de 23% jeudi en séance à la nouvelle de perquisitions de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur trois de ses sites la semaine dernière.
Ces turbulences ont fait suite, notamment, à un tract de la CGT du centre d'ingénierie de Lardy (Essonne), chargé du développement des moteurs, dans lequel elle dénonce les conditions de mise en oeuvre des normes européennes d'émission, dites "normes Euro", qui fixent les limites maximales de rejets polluants.
L'enquête, dont les conclusions ont été communiquées jeudi après-midi par la ministre de l'Ecologie, n'a pas établi l'existence de logiciels de fraude sur les véhicules du constructeur français, comme chez l'allemand Volkswagen (DE:VOWG_p), mais a mis en évidence des dépassements de normes.
"C'est une opération de la part de la CGT qui est vraiment prématurée. On ne doit pas lancer comme ça en pâture des éléments qui ne sont pas encore complètement fondés", a commenté Jean-Claude Mailly sur Sud Radio.
"On n'a pas les résultats, et balancer ça comme ça, ex abrupto, on en voit les conséquences : tout de suite une fragilisation, même si pour moi ça n'est que l'action, mais quelles seront les conséquences sur l'entreprise en tant que telle?", a-t-il ajouté.
Fabien Gâche, délégué central de la CGT-Renault, a regretté un "emballement médiatique", soulignant que son syndicat n'avait jamais suggéré des trucages présumés.
"Ce que l'on dit, c'est que Renault, comme d'autres constructeurs, pourrait aller beaucoup plus loin dans le domaine écologique dès lors qu'on y met réellement des moyens", a-t-il expliqué jeudi soir sur RTL à propos du tract de Lardy.
"Ce que la CGT a révélé, ce sont les conditions sociales de Lardy", a-t-il justifié.
Il a ainsi souligné "le décalage de plus en plus important entre ce que les directions d'entreprises affichent d'un point de vue médiatique et la réalité de ce que l'on peut faire".
La CGT, a-t-il expliqué, a voulu attirer l'attention sur l'incapacité des salariés "au vu du manque d'emplois, de qualifications de compétences que l'on a perdus depuis l'accord de compétitivité en 2013" à honorer les objectifs d'émissions polluantes fixés par la direction fin décembre 2015.
Pour Fabien Gâche, une part de la presse s'est "déchaîné(e) sur le pseudo-parallèle des tricheries de Volkswagen, sans une fois encore se préoccuper des réalités vécues".
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)