Les négociations attendues en 2016 "sont décisives" pour le secteur aérien en terme de protection de l'environnement, a affirmé vendredi la commissaire européenne chargée des Transports, Violeta Bulc, au moment où est publié le premier rapport européen sur l'impact environnemental de l'aviation civile.
"Les négociations de cette année sont décisives", a déclaré Mme Bulc devant des journalistes. Elle espère profiter de la dynamique en place après l'accord signé en décembre lors de la conférence de l'ONU sur le climat à Paris (COP21), un compromis qui, regrette-t-elle, n'inclut pas les transports aériens.
"Les objectifs en terme d'émissions de CO2 seront définis en 2020 et d'ici là nous devons nous préparer", a martelé la commissaire.
Au niveau européen, Mme Bulc espère faire adopter "cette année" de nouvelles règles pour rendre plus efficace l'organisation du "ciel européen" par le Parlement et le Conseil de l'UE, des mesures avancées dès 2013 par la Commission et qui contribueraient à réduire la consommation de carburant et les nuisances sonores occasionnées.
Au niveau mondial, la réunion de l'Organisation de l'Aviation civile internationale (OACI) au mois de septembre à Montréal (Canada) s'annonce comme un rendez-vous incontournable. Une première réunion du comité environnement de cette institution spécialisée des Nations Unies doit se tenir la semaine prochaine pour tenter de s'accorder sur une recommandation pour les normes d'émissions de CO2 pour les nouveaux appareils.
Selon un rapport destiné aux eurodéputés cité par l'ONG Transport & Environment, "dans un scénario (de limitation du réchauffement climatique) à 2°C où les autres secteurs prennent des initiatives ambitieuses, l'aviation internationale pourrait être responsable de 22% des émissions mondiales de CO2 d'ici 2050".
L'UE pourra s'appuyer, pour la préparation des différentes rencontres de 2016, sur un premier rapport environnemental de l'aviation européenne, publié vendredi.
"Je veux vraiment comprendre où se trouvent les failles à combler, quels sont les chaînons manquants pour qu'on puisse présenter une stratégie globale (...) afin que l'aérien soit écologique", a expliqué Violeta Bulc.
Le rapport, fruit des efforts conjoints de l'Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA), de l'Agence européenne de l'Environnement et d'Eurocontrol (l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne), sera un "outil" pour les négociations, estime la commissaire.
Pour Mme Bulc, la réduction de l'impact négatif sur l'environnement du transport aérien passe non seulement par une meilleure organisation du trafic et des aéroports, mais aussi par un investissement important en recherche et développement, pas seulement dans l'amélioration des technologies existantes mais aussi dans des sources d'énergie alternatives, par exemple.
"Le rythme des progrès dans diverses catégories (technologie, conception) ne va pas assez vite par rapport à la croissance de la demande dans le transport aérien, provoquant des pressions croissantes sur l'environnement, et la tendance doit se poursuivre", préviennent de leur côté les auteurs du rapport.
En Europe, le nombre de vols a progressé de 80% entre 1990 et 2014, et les prévisions tablent sur une croissance de 45% entre 2014 et 2035: ce qui est synonyme selon le rapport d'une progression équivalente des émissions de CO2.
Les émissions d'oxyde d'azote (NoX), un gaz polluant nuisible pour la santé, ont de leur côté doublé entre 1990 et 2014, et les experts prévoient une augmentation de 43% d'ici 2035.
Côté bruit, en 2014, quelque 2,5 million de personnes étaient exposées aux nuisances sonores des 45 aéroports principaux, un chiffre qui pourrait monter de 15% jusqu'en 2035.