La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a confirmé vendredi à Davos que les Européens discutaient de la possibilité d'un rachat de dette par le biais du Fonds européen de stabilisation financière (FESF).
"Nous sommes en train d'en discuter en ce moment, mais je ne pense pas qu'il y ait déjà un consensus général car c'est un travail en cours", a-t-elle déclaré, en anglais, lors d'une conférence de presse en marge du Forum économique mondial (Wef).
"Mais c'est clairement une voie pour le Fonds européen de stabilisation financière d'être vraiment engagé sur les marchés", a-t-elle ajouté.
L'idée est "sur la table", a confirmé de son côté la Commission européenne.
L'idée d'un rachat de titres de la dette, particulièrement celle de la Grèce, par le biais du Fonds européen créé au printemps dernier, a été évoquée à plusieurs reprises ces derniers jours, mais cette option a jusqu'à présent été démentie par les autorités européennes.
Le Fonds, qui bénéficiera de la note maximale "AAA" de la part des agences de notation, sera en mesure de lever des fonds à des conditions très favorables. Une partie des sommes recueillies pourraient alors être prêtées à la Grèce. Celle-ci pourrait ensuite utiliser cette aide pour racheter des titres de dette portant un intérêt élevé.
Cette idée a été surtout avancée pour la Grèce, écrasée par le poids de sa dette, et dont beaucoup en Europe estiment qu'elle ne parviendra pas à résoudre ce problème sans une restructuration, en pratique une réduction, de cette dette.
Une autre idée consiste à autoriser le FESF à acheter directement de la dette sur les marchés comme le fait actuellement la Banque centrale européenne (BCE). Cette option doit être laissée entre les mains des ministres des Finances et non des banquiers centraux, a jugé sur ce point Mme Lagarde. Elle a toutefois refusé d'indiquer si cette mesure permettrait à la BCE de réduire ses propres achats de dette. "C'est à la BCE de décider", a-t-elle déclaré.
Interrogée sur la première émission obligataire lancée par le FESF, Mme Largarde a salué ce succès qui prouvait que le Fonds était un "opérateur crédible".
Interrogée sur d'éventuels achats chinois à l'occasion de cette émission sur-souscrite neuf fois, Mme Lagarde a dit ignorer si cela avait été le cas.
"Honnêtement, je n'en sais rien, et même si je le savais, je ne vous le dirais pas, mais je l'espère", a-t-elle affirmé, soulignant toutefois que si ça avait été le cas, ce serait "un signe de confiance dans l'Europe" de la part de la Chine.
Elle a également confirmé que la France n'était pas opposée à augmenter la taille du Fonds. "Et s'il doit être plus gros, alors qu'il le soit", a-t-elle indiqué. Il est actuellement doté de 440 milliards d'euros de garanties de prêts, soit une capacité effective de prêts d'environ 250 milliards d'euros.
Mme Lagarde est également revenue sur la réforme du système monétaire international défendue par la présidence française du G20, dont les priorités en la matière ont été exposées mercredi par le président français Nicolas Sarkozy devant le Forum économique mondial.
Elle a réaffirmé que cette réforme n'était pas dirigée contre le dollar qui reste une "monnaie importante" même si son "rôle a décliné et continuera probablement à décliner".
Elle a également défendu l'idée d'ajouter le renminbi, la monnaie chinoise aux autres monnaies composant le panier de référence des Droits de tirage spéciaux (DTS), émis par le Fonds monétaire international (FMI).
"Il est vraiment tout à fait bizarre que le renminbi (la monnaie chinoise) ne fasse pas partie du panier", a-t-elle affirmé.