La justice du Bangladesh a confirmé mardi le renvoi du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus de la Grameen Bank, un établissement spécialisé dans le micro-crédit dont il était le fondateur et directeur général.
"Yunus est resté à son poste sans base légale, en conséquence sa requête (contre son renvoi) a été rejetée", a déclaré devant ses pairs Muhammad Mamtaj Uddin Ahmed, juge à la Haute Cour du Bangladesh.
C'était "clair comme de l'eau de roche" que la décision de limoger de M. Yunus de ses fonctions était légale, a ajouté M. Ahmed.
"En outre, le directeur général est un membre du bureau directeur de la banque, et l'âge obligatoire de la retraite pour les membres du bureau directeur dans les banques est de 60 ans, donc il a aussi dépassé il y a longtemps l'âge de son départ à la retraite", a-t-il encore dit.
"Nous ne sommes pas surpris, nous nous y attendions. La cour a simplement confirmé l'ordre illégal de la banque (centrale) du Bangladesh", a réagi Sara Hossain, avocate de M. Yunus.
Ce dernier, a-t-elle déclaré à l'AFP, va faire appel de cette décision auprès de la Cour Suprême.
"Nous allons interjeter appel, nous espérons le faire dès demain", mercredi, a annoncé Sara Hossain.
Prix Nobel de la paix 2006, M. Yunus, 70 ans, a été interdit d'occuper ses fonctions mercredi par la banque centrale du Bangladesh au motif qu'il les occupait illégalement en n'ayant pas cherché à obtenir le feu vert de l'institution, officiellement indépendante du gouvernement, lorsqu'il avait été reconduit pour une durée indéterminée à son poste en 1999.
Surnommé le "banquier des pauvres", ce pionnier du microcrédit avait saisi la justice jeudi pour contester son renvoi à l'issue de mois de pression politique.
Muhammad Yunus avait expliqué que le motif de son limogeage lui paraissait mensonger dans la mesure où l'Etat avait trois représentants au conseil d'administration et 25% des parts de Grameen Bank, et que, donc, "il n'y a rien que nous ne puissions faire sans que le gouvernement soit au courant".
Interrogé sur les raisons pour lesquelles on voulait, selon lui, l'évincer, M. Yunus a prêté au pouvoir l'intention de prendre le contrôle de Grameen Bank dans son ensemble.
De leur côté, ses partisans affirment que ses ennuis ont commencé en 2007 lorsqu'il a émis l'idée de créer son propre parti politique, dénonçant une classe dirigeante intéressée par "l'argent et le pouvoir". M. Yunus y avait renoncé au bout de quelques mois.
Le Premier ministre Sheikh Hasina, qui accuse l'organisation de micro-crédit de "sucer le sang des pauvres", s'était alors pour la première fois opposée à lui.