par Josh Smith
SEOUL (Reuters) - Un an après leur première rencontre, Donald Trump et Kim Jong-un semblent décider à cultiver de bonnes relations personnelles, malgré la persistance de leurs contentieux et l'aggravation récente des tensions.
Lors de ce premier sommet historique, qui s'est déroulé le 12 juin 2018 à Singapour, le dirigeant nord-coréen s'était engagé à travailler au démantèlement de son programme nucléaire, mais aucun progrès n'a été accompli depuis.
La situation s'est même détériorée après l'échec du second sommet, qui s'est déroulé les 27 et 28 février à Hanoi, avec la reprise, début mai, des essais d'armement nord-coréens et le changement de ton de Pyongyang, qui brandit à nouveau la menace de "conséquences vraiment indésirables" si Washington ne fait pas preuve de plus souplesse.
Kim Jong-un espérait obtenir un allègement des sanctions à Hanoi, ce que les Etats-Unis ont exclu en l'absence de progrès vérifiables sur la voie de la dénucléarisation.
Le jeune dirigeant nord-coréen a promis de faire le point à la fin de l'année pour s'engager ou non dans une "nouvelle voie", ce qui ne l'a pas empêché d'adresser une "magnifique lettre" à Donald Trump. C'est, en tous cas, ce qu'a annoncé mardi le président des Etats-Unis.
"Je ne peux évidemment pas vous la montrer, mais c'est une lettre très personnelle, très chaleureuse et très gentille", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.
"Je pense que quelque chose de très positif va se produire", a poursuivi Trump, avant de répéter que la Corée du Nord avait "un potentiel énorme", sous-entendant que la levée des sanctions ne tient qu'elle.
"DES HAUTS ET DES BAS"
La presse officielle nord-coréenne n'a rien dit de cette lettre. A l'approche de l'anniversaire du premier sommet, elle a en revanche invité les Etats-Unis à renoncer à leur exigence de démantèlement unilatéral de l'arsenal nucléaire nord-coréen, faute de quoi la déclaration d'intention signée à Singapour n'aura plus de sens.
Selon le ministère singapourien des Affaires étrangères, l'ambassade de Corée du Nord avait prévu de célébrer le premier anniversaire du sommet, mais tout a finalement été annulé.
A Washington, John Bolton, conseiller à la sécurité de la Maison blanche, n'a pas exclu mardi l'organisation d'un troisième sommet, mais juge que la balle est dans le camp nord-coréen. La "campagne de pression maximale" va se poursuivre, parce que Kim ne semble toujours pas avoir pris "la décision stratégique de renoncer à l'arme atomique", a-t-il ajouté.
Dan Coats, directeur du Renseignement national américain, a jugé peu probable en janvier que la Corée du Nord renonce à ses capacités nucléaires militaires, ce qui lui a valu une vive réaction de la part de Donald Trump.
Le général Robert Abrams, commandant des forces américaines en Corée du Sud, a quant jugé fin mars les activités nord-coréennes dans le secteur des armements nucléaires et balistiques incompatibles avec la dénucléarisation promise.
Morgan Ortagus, porte-parole du département d'Etat américain, a reconnu lundi qu'il s'agissait de "l'un des défis les plus difficiles en matière de sécurité nationale".
"Il y a toujours des hauts et des bas, et nous restons convaincus que Kim Jong-un et son gouvernement ouvrirons la voie d'un avenir meilleur au peuple nord-coréen", a-t-elle conclu.
(Jean-Philippe Lefief pour le service français)