Les chiffres du PIB américain publiés jeudi ont confirmé le net ralentissement de l'économie des Etats-Unis au premier trimestre, mais cet accès de faiblesse est perçu pour l'instant comme ne devant être que passager.
Selon la première estimation du département du Commerce pour les mois de janvier à mars, le produit intérieur brut du pays n'a progressé que de 1,8% en rythme annuel, alors que la croissance avait été de 3,1% pendant l'automne.
Le président de la banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke, avait reconnu mercredi que la hausse du PIB avait été "faible" au premier trimestre.
Il avait cependant insisté sur les facteurs passagers expliquant selon lui ce ralentissement: forte baisse des dépenses publiques de défense, "qui devrait vraisemblablement être compensée" au deuxième trimestre, baisse de régime des exportations, qui devraient repartir "vu la croissance de l'économie mondiale", ou encore la neige qui a paralysé des régions entières du pays en janvier et février.
Plusieurs économistes partagent ce point de vue. "Le deuxième trimestre sera mieux", estime Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE.
Son confrère Thomas Julien, de la banque français Natixis, note que "la décélération de la consommation a été moins forte que prévu". Pour lui, "le ralentissement [de la croissance] est imputable principalement à des facteurs temporaires".
Moteur traditionnel de la croissance du pays, les dépenses de consommation des ménages n'ont effectivement augmenté que de 2,7% pendant les trois mois d'hiver, contre 4,0% au dernier trimestre de 2010, selon les chiffres officiels.
La résistance des consommateurs apparaît satisfaisante alors que deux forts vents contraires continuent de souffler sur l'économie: la hausse des prix du pétrole et des matières premières, qui ampute le pouvoir d'achat des Américains, et l'incertitude provoquée par le séisme au Japon.
La Maison Blanche a jugé que la poursuite de la reprise économique était "encourageante", mais que le pays avait de toute évidence besoin d'"une croissance plus forte" pour se rétablir véritablement après la terrible récession de 2007-2009.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a estimé néanmoins que l'économie américaine avait fait la preuve de sa "force et de [sa] capacité de résistance fondamentales". "L'économie se rétablit et se renforce", a-t-il dit.
Mercredi, la Fed a annoncé qu'elle comptait continuer de soutenir autant que possible l'économie du pays.
M. Bernanke a justifié cette décision en affirmant que la banque centrale était encore très loin de ses objectifs en matière de baisse du chômage, que la hausse des prix, bien que durement ressentie par les ménages, ne devrait être que passagère et ne menaçait donc pas de se transformer en inflation galopante.
Si elle table désormais sur une hausse du PIB moins forte qu'en janvier pour l'ensemble de l'année, la Fed estime que la croissance devrait se renforcer graduellement dans les mois à venir.
Cette perspective de jours meilleurs est partagée par Nariman Behravresh, du cabinet IHS Global Insight, pour qui il y a une "déconnexion" entre la faiblesse du PIB d'hiver et "la solidité d'autres indicateurs économiques".
Pour James Marple, du groupe canadien TD Financial, la progression solide de l'emploi au premier trimestre et l'amélioration du crédit sont effectivement gages d'"un retour à une croissance plus rapide dans les mois à venir".