TOKYO (Reuters) - Westinghouse, la filiale nucléaire américaine de Toshiba, doit décider d'ici la fin du mois si elle se met sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux Etats-Unis afin que le conglomérat japonais puisse publier ses comptes trimestriels audités, a dit vendredi le ministre des Finances japonais.
La société en grande difficulté a jusqu'au 14 mars pour faire état de ses comptes audités du troisième trimestre après avoir reporté cette publication d'un mois pour mieux prendre en compte de possibles nouveaux problème affectant sa filiale.
Le 14 février, le jour où le groupe aurait dû publier ces comptes, il avait finalement annoncé des chiffres non-audités, marqués essentiellement par une charge de dépréciation de ses actifs nucléaires américains de 712,5 milliards de yens (5,9 milliards d'euros), une somme qui fera plonger dans le rouge ses comptes annuels et le met en situation de fonds propres négatifs.
Si Toshiba ne respecte pas l'échéance du 14 mars, il disposera encore de huit jours ouvrables, soit jusqu'au 27 mars, pour publier ses comptes. Dans le cas contraire, le groupe court le risque d'être retiré de la Bourse de Tokyo.
Des sources ont des mercredi à Reuters que Westinghouse avait fait appel à des avocats spécialisés dans les faillites du cabinet Weil Gotshal & Manges LLP, tout en précisant qu'il ne s'agissait que d'une mesure exploratoire et qu'aucune décision n'avait été prise sur une éventuelle déclaration en faillite.
"Côté américain, ils doivent rapidement décider s'ils déclenchent une procédure chapitre 11. Tant qu'ils ne le font pas, il leur sera difficile de publier des comptes", a déclaré Taro Aso lors d'un point presse.
L'intervention du ministre des Finances dans le dossier Toshiba accroît la pression sur le groupe, qui se remet à peine d'un scandale comptable, pour résoudre rapidement ses problèmes financiers.
Les chances de voir Toshiba respecter l'échéance du 14 mars sont de "50-50", a dit une source proche du dossier, ajoutant que les avocats et les auditeurs de Westinghouse s'écharpaient sur des points de détail.
Le ministre du Commerce Hiroshige Seko a dit cette semaine qu'une déclaration de faillite ne serait pas forcément une mauvaise chose, ajoutant qu'il pourrait évoquer le dossier Westinghouse avec des responsables américains lorsqu'il se rendra aux Etats-Unis.
Toshiba étant placé sous surveillance par les autorités boursières japonaises depuis le scandale comptable, il ne peut augmenter son capital pour renforcer le bilan, ce qui contraint le groupe à vendre des actifs, dont notamment son activité puces mémoire.
A la Bourse de Tokyo, le titre a repris 1,7% après avoir plongé de plus de 7% jeudi.
(Takeshi Umekawa, Benoît Van Overstraeten pour le service français)