Les chiffres du commerce extérieur américain montrent que la crise économique a eu au moins un effet bénéfique pour les Etats-Unis, en les forçant à importer moins et à améliorer leur compétitivité à l'exportation.
La publication mercredi des chiffres de juin a confirmé que la balance commerciale de la première économie mondiale avait changé de visage, avec tout d'abord un déficit bien plus raisonnable.
A 27,0 milliards de dollars (en données corrigées des variations saisonnières), il s'est certes accru par rapport au mois précédent, mais moins que ne le prévoyaient les économistes. Et en tenant compte de l'inflation, ce déficit est en fait le plus faible depuis décembre 1999.
Le déficit sur l'ensemble du premier semestre est de 53% moins élevé qu'un an plus tôt, certes aidé par un pétrole bien moins cher, mais aussi par le ralentissement d'une consommation américaine parfois jugée excessive.
"Au rythme où elle s'améliore actuellement, la balance des biens hors produits pétroliers va afficher un excédent d'ici à la fin de l'année", parie même Ian Shepherdson, de High Frequency Economics. Cette balance a affiché en juin son déficit le plus faible depuis janvier 1999, à 20,0 milliards de dollars.
Freinés dans leur recours au crédit au consommation, les Américains achètent moins de produits étrangers. Symbole d'une certaine frugalité, même les importations de produits alimentaires baissent, de 17% sur un an au premier semestre
Les importations de véhicules reculent de 49%, et celles de biens de consommation de 14%. En valeur, les catégories de ces biens de consommation qui ont le plus reculé sont les diamants (-5,3 milliards), la hi-fi (-3,6 milliards), le textile en coton (-3,1 milliards), ou les meubles et articles de maison (-2,6 milliards).
L'économie américaine tente aussi de réduire sa dépendance au marché intérieur. Au premier semestre, les exportations de biens, qui ont reculé de 24% sur un an, ont mieux tenu que les importations, en chute de 32%.
Le point fort de l'économie américaine reste les services. L'excédent du pays dans ce secteur (11,4 milliards de dollars en juin) n'avait pas été aussi élevé depuis octobre. Sur le premier semestre, atteint par la baisse de l'activité mondiale, il a fondu, mais de seulement 11%, quand le volume des échanges des Etats-Unis avec le reste du monde s'effondrait de 25%.
Cette tendance à la baisse des échanges semble s'être achevée en mai et juin.
"L'économie américaine connaît de nouveau la croissance et nous engloutissons des produits venus de toute la planète", s'est réjoui l'économiste Joel Naroff, même si cela signifie que "c'est probablement le début de la fin de la réduction du déficit commercial".
Pour réduire ce déficit à long terme, les Etats-Unis explorent deux pistes.
Ils veulent limiter la dépendance au pétrole étranger (encore 17,2 milliards de dollars de déficit en juin) en misant sur la production nationale d'énergies renouvelables.
"Le temps nous dira si la tendance vers les énergies nouvelles, clairement vue au moment où les cours du pétrole ont connu leur pic en 2008, reviendra si la demande et les prix montent tous deux à court terme", a commenté Christopher Cornell, de Moody's Economy.com.
Et Washington veut réduire son déficit avec la Chine (18,4 milliards de dollars en juin) en portant devant l'Organisation mondiale du commerce toute pratique protectionniste ou distorsion de la concurrence de la part de Pékin.