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Mobilisation fébrile pour éviter une nouvelle crise financière mondiale

Publié le 07/08/2011 13:35
Mis à jour le 07/08/2011 19:00

Dirigeants politiques et banquiers centraux des principales économies de la planète s'activaient dimanche, dans le plus grand secret, pour trouver une solution concertée afin d'empêcher une nouvelle débâcle à la réouverture des marchés financiers lundi.

G7, G20, Banque centrale européenne multipliaient les contacts et conférences téléphoniques d'urgence sur la crise de la dette en zone euro et le coup de tonnerre de la dégradation de la note des Etats-Unis.

Premiers marchés à réagir, les Bourses du Moyen-Orient ont accusé le coup: la Bourse saoudienne a terminé à l'équilibre dimanche après un plongeon de plus de 5% samedi. Tel Aviv a dégringolé de près de 7% dimanche.

Standard & Poor's (S&P) a retiré vendredi aux Etats-Unis la prestigieuse note "AAA", dont jouissent les émetteurs d'obligations les plus fiables.

Sanction inédite depuis la création de l'agence en 1941, S&P a abaissé la note du pays d'un cran à "AA+", invoquant "des risques politiques" liés à l'énorme dette publique américaine, qui dépasse 14.500 milliards de dollars.

Une décision contestée vivement par le Trésor américain, qui a remis samedi en cause "l'intégrité" de l'agence. Selon lui, elle a commis une "erreur de 2.000 milliards de dollars" dans les projections de déficit budgétaire jusqu'en 2021.

"Les marchés s'y attendaient déjà largement", a tempéré l'économiste en chef pour l'Europe de S&P, Jean-Michel Six. Pour lui, l'inquiétude des marchés "porte bien plus sur la reprise, sur la vigueur de la reprise économique que sur telle ou telle note en particulier".

De nombreux économistes craignent cependant une descente aux enfers des marchés. "Le fait que Standard and Poor's ait finalement appuyé sur la gâchette (...) va sans aucun doute ébranler les marchés financiers à leur ouverture lundi", résume Paul Dales, analyste chez Capital Economics basé aux Etats-Unis.

Et l'ancien président de la banque centrale américaine (Fed), Alan Greenspan, a parié dimanche que la déprime allait continuer "un moment" sur les marchés. A la question de savoir s'il croyait un "krach" possible lundi, il a répondu que c'était "difficile à dire".

La sanction infligée à la première économie mondiale rend d'autant plus urgente une action concertée des dirigeants européens et américains, incapables jusqu'à présent d'enrayer la spirale baissière des Bourses mondiales.

Les ministres des Finances et dirigeants des pays du G7 (Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Royaume Uni, Italie, Canada) ont multiplié les contacts téléphoniques ce week-end.

Les pays du G20, qui regroupe les principales économies de la planète, ont tenu dimanche matin une téléconférence, a indiqué le vice-ministre sud-coréen des Finances Choi Jong-Ku.

Cette concertation avait été précédée, dans la nuit, d'une téléconférence des ministres des Finances du G7 et de leurs conseillers, entourée du plus grand secret.

Une autre, entre ministres des Finances et banquiers centraux du G7, devrait suivre avant la réouverture lundi matin des marchés financiers en Asie, selon des médias japonais, qui évoquent la possibilité d'une déclaration commune destinée à calmer les marchés.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE devait pour sa part se réunir par vidéo-conférence vers 16H00 GMT, selon des sources proches du dossier citées par l'agence financière Dow Jones Newswires.

A l'agenda devrait figurer une éventuelle intervention pour venir en aide à l'Italie, troisième économie de la zone euro, dans le collimateur des marchés tout comme l'Espagne.

Rome a affirmé vendredi que la BCE pourrait acheter dès lundi des obligations d'Etat du pays. Mais ce projet, susceptible de se heurter à des réticences de la part de l'Allemagne, n'a pas été confirmé jusqu'ici à Francfort.

Une telle intervention avait été réclamée avec force par les marchés. Jeudi dernier, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a promis de nouveaux achats sur le marché de la dette, mais cette annonce n'a pas eu l'effet apaisant escompté auprès des investisseurs.

Dans la foulée, les primes de risque payées par l'Italie et l'Espagne sur le marché de la dette par rapport à l'Allemagne, pays de référence de la zone euro, ont atteint de nouveaux records.

La dégradation de la note des Etats-Unis "va provoquer des effets de ricochet sur l'Espagne et l'Italie et mettre la France sous pression", estime Charles Wyplosz, professeur d'économie aux Hautes Etudes de Genève. "La zone euro descend dans les abysses", prévient-il.

La France, qui préside le G7, ne court pas de risque immédiat de perdre le label suprême "AAA", a laissé entendre dimanche Jean-Michel Six, qui a réaffirmé que la note du pays était assortie "d'une perspective stable" pour Standard & Poor's.

La situation est bien plus délicate pour l'Italie, déjà privée depuis longtemps du triple A. Le Premier ministre Silvio Berlusconi a promis d'accélérer son plan d'austérité "dans le but d'arriver à l'équilibre budgétaire" dès 2013, et non plus 2014.

M. Berlusconi avait avancé vendredi qu'une réunion du G7 Finances serait anticipée "dans les prochains jours", mais la présidence française du G7 observait dimanche un mutisme total sur la question.

A Madrid, la ministre de l'Economie Elena Salgado a appelé la BCE à "faire son travail et soutenir la stabilité sur les marchés de la dette", un appel du pied pour pousser la BCE a acheter des obligations espagnoles.

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