La zone euro devrait éviter de sombrer dans la récession, mais les prévisions de croissance au 2e semestre doivent être revues à la baisse, a annoncé la Commission avant une réunion des ministres européens des Finances en Pologne à partir de jeudi soir.
"Nous nous attendons à ce que la croissance économique cale, mais pas à une récession", a déclaré Olli Rehn, le commissaire chargé des affaires économiques et financières en présentant les prévisions révisées de croissance dans l'UE et la zone euro.
Certes, la Commission a maintenu son estimation d'une hausse de PIB de 1,6% pour l'ensemble de l'année, mais la crise de la dette plombe toujours la confiance et la sortie définitive de la crise est loin d'être en vue. Le moral des citoyens et des entreprises européennes est toujours en berne, a reconnu M. Rehn.
"La reprise après une crise financière est souvent lente et semée d'embûches", a-t-il averti. L'économie de l'UE est "perturbée par un environnement plus complexe alors que la demande intérieure stagne", a-t-il expliqué. "Il est probable que les turbulences sur les marchés financiers ralentissent l'économie réelle", a-t-il ajouté.
Après un début d'année encourageant, le ciel s'est progressivement assombri dans la zone euro, obligeant Bruxelles à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour le troisième trimestre (+0,2% contre 0,4% attendu en mai) et le quatrième (+0,1% contre 0,4%).
La Commission n'a pas donné de prévisions pour la Grèce, le pays le plus en crise de la zone.
Comme le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, Olli Rehn a lui aussi écarté l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro, et assuré que l'examen de la situation dans le pays allait permettre de prendre une décision très rapidement sur le versement de la prochaine tranche d'aide, promise en échange de la bonne conduite des réformes.
Le Premier ministre grec Georges Papandréou a réaffirmé la "détermination absolue" de la Grèce à respecter ses engagements.
Après des mois de blocage entre le Parlement et les gouvernements européens, un accord de principe pour durcir le Pacte de stabilité et la discipline budgétaire commune dans l'UE face à la crise de la dette a été conclu à Strasbourg jeudi matin.
Ce dispositif prévoit des sanctions financières sous forme de dépôt d'argent sur des comptes bloqués pour les pays trop laxistes qui laisseraient filer leurs déficits, et des procédures plus automatiques que par le passé pour punir les mauvais élèves en Europe.
Cet accord doit toutefois être soumis aux ministres européens des Finances qui se réunissent à partir de jeudi soir à Wroclaw en Pologne.
La réunion doit en principe permettre de surmonter les obstacles restants à la mise en oeuvre du second plan d'aide à la Grèce décidé par l'Union européenne le 21 juillet.
L'approbation de ce plan, très attendue par les marchés, traîne toutefois en longueur et bute sur les réticences de plusieurs pays, dont la Slovaquie et la Finlande.
Fait exceptionnel, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner assistera à la réunion de Wroclaw, alors que les Etats-Unis considèrent que l'économie mondiale restera affaiblie tant que la crise de la zone euro persistera.
Mme Merkel a de nouveau sèchement écarté jeudi la mise en place d'euro-obligations, mécanisme de mutualisation des dettes entre pays de la zone euro. La veille le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso avait pourtant rassuré quelque peu les marchés en confirmant la présentation d'une étude sur les options possibles en vue de créer ces "eurobonds".