Air France a inauguré mercredi soir sa première base province à l'aéroport Marseille Provence, un modèle destiné à contrer les compagnies "low cost", pour une ouverture effective des lignes à partir de dimanche.
"Nous créons une mini-compagnie aérienne à Marseille avec dix avions, ses pilotes, ses hôtesses et ses stewards, c'est une véritable opération de décentralisation", a déclaré Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France-KLM, avant de remettre, symboliquement, les clés de la base au directeur régional, Hugues Heddebault.
Treize nouvelles destinations sont programmées en France (Bâle-Mulhouse, Biarritz, Brest), en Europe (Athènes, Copenhague, Düsseldorf, Eindhoven, Milan, Moscou, Prague), dans le bassin méditerranéen (Beyrouth, Istanbul) et au Maroc (Casablanca).
Les billets sont proposés à des prix réduits - à partir de 50 euros l'aller simple pour les vols domestiques et l'Europe proche - grâce à une rotation journalière plus importante des avions et une productivité accrue des personnels, issue d'une nouvelle organisation du travail. Ainsi, les navigants voleront plus d'heures par an, malgré un plus grand nombre de jours de repos.
"Ce système nous permet de baisser nos coûts de 15%", a indiqué M. Heddebault.
Le service, lui, restera conforme aux standards de la compagnie: paiement par carte, enregistrement sur internet, choix du siège, presse, collation ou repas resteront gratuits.
Objectif, selon M. Gourgeon: "reconquérir des parts de marché qui semblent fondre sous la pression du TGV", mais surtout contrer les compagnies low cost, comme Ryanair et Easyjet, qui ne cessent de gagner du terrain sur le court et le moyen courrier.
Cette offensive, qui "constitue une réforme profonde du fonctionnement de la compagnie en régions", s'est heurtée à des réticences du personnel. Chez les pilotes (4.200 salariés), le SNPL (70%) a négocié et signé en juin un accord, finalement approuvé par seulement 55% de ses adhérents.
Du côté des hôtesses et stewards (15.000 personnes), le dialogue a été plus difficile. Après une menace de grève en plein chassé-croisé estival, les négociations ont repris mais seul l'Unac (CFE-CGC) a approuvé le texte final, les deux autres syndicats représentatifs (Unsa et SNPNC-FO) estimant qu'il actait un recul social.
Au final, 130 pilotes et 230 hôtesses et stewards, dont 47 nouveaux venus, se sont portés volontaires, a précisé M. Heddebault.
"Un quart d'entre eux déménagent, les autres vivant déjà dans la région". Pour ces derniers, "cela permet de mieux équilibrer vie personnelle et vie professionnelle puisque le soir, ils rentrent chez eux", a-t-il assuré.
L'aéroport Marseille Provence, troisième aéroport régional (7,5 millions de passagers) après Nice et Lyon, table sur "un million de passagers supplémentaires" en 2012, selon son directeur général Pierre Régis qui espère, avec cette nouvelle donne, "rattraper, voire dépasser le trafic lyonnais en 2012".
Après Marseille, qui se veut "un laboratoire", Nice et Toulouse doivent accueillir une base province au printemps 2012, avant Bordeaux à l'été.